Geoflex lève 6 millions d’euros pour commercialiser ses services d’hypergéolocalisation
La start-up française Geoflex annonce un tour de table de 6 millions d’euros auquel participent Bouygues, Stellantis et Thales. Après deux ans de démonstration, elle espère passer à la commercialisation de ses services dans le secteur du transport, de l’agriculture ou encore de l’iOT. Elle compte, pour ce faire, recruter quarante salariés (notamment des commerciaux) dans les trois prochaines années.
La start-up Geoflex, spécialisée dans l’hypergéolocalisation par satellites et soutenue par le Centre national d’études spatiales (CNES), a annoncé ce 16 mars 2023 une levée de fonds en série A de 6 millions d’euros. Elle devrait lui permettre de passer à la commercialisation de ses services après deux ans de proof-of-concept et de recruter quarante salariés supplémentaires d’ici trois ans (commerciaux et ingénieurs tech).
Ce tour de table comprend Demeter IM, actionnaire de la société depuis 2018, rejoint par Bouygues (Bouygues Telecom, Colas et Bouygues Construction), Stellantis et Thales, agissant à travers leurs entités de corporate venture respectives et ayant un intérêt pour la solution conçue par Geoflex.
Droits exclusifs sur la technologie du CNES
Geoflex est une start-up française basée à Massy dans l'Essonne et employant dix salariés. Elle développe des services d’hypergéolocalisation permettant d’améliorer la qualité des systèmes de positionnement par satellites, dit GNSS (Global Navigation Satellites Systems). Cela comprend le GPS américain, le GLONASS russe, le BEIDOU chinois et le GALILEO européen.
L’entreprise développe un flux de correction qui, synchronisé aux récepteurs GNSS, permet de corriger la précision de la géolocalisation partout dans le monde, sur terre, en mer et dans les airs, jusqu'à 25 000 km d'altitude, passant d’une marge d’erreur de quelques mètres à 4 cm. Elle améliore également la continuité d’opération et la résistance au brouillage et au leurrage du GNSS.
Pour ce faire elle s’appuie sur la technologie PPP-CNES/Geoflex (Positionnement Ponctuel Précis), matérialisée par sept brevets, développée il y a douze ans par le CNES, qui lui a donné les droits exclusifs d’industrialisation et d’exploitation. L’établissement public percevra, en échange, des royalties lorsque la société génèrera des profits.
Place à la commercialisation, sous forme d’abonnements
Oui, car Geoflex n’a pas encore de clients. Les accords avec le CNES ont été signés en 2016. Jusqu’en 2018, la start-up a industrialisé le système, de 2018 à 2022, elle a fait des démonstrations opérationnelles dans différents domaines d’activité qui lui ont permis de gagner deux CES awards (2019 et 2022) dans le domaine des véhicules connectés et intelligents, de remporter le Dubai World Challenge for Self-Driving Transportation, ou encore le Spring 50 Paris-Saclay.
"On a démontré que notre technologie était opérationnelle, que ce n’était pas juste une vision d’esprit présentée sur un powerpoint. C’est ce qui nous a permis de lever des fonds auprès de ces groupes mondiaux, explique Romain Legros, fondateur et directeur général de Géoflex. Maintenant, on passe au chapitre commercialisation !"
Géoflex veut devenir un opérateur de services qui commercialise des flux de correction sous forme d’abonnements. Les clients pourront les synchroniser dans leur récepteur GNSS pour améliorer la qualité des données de positionnement et ce, quel que soit leur récepteur, puisqu’ils sont diffusés dans un format standardisé. L’idée est de commencer par acquérir une clientèle de grands groupes industriels français, puis européen, et de s’attaquer au marché américain après une prochaine levée. "Ce n’est pas 6 millions qu’il nous faudra lever à ce moment-là, mais 30", explique le DG.
Des cas d’usages dans l’automobile
La start-up s’adresse au secteur du transport, notamment de l’automobile, d’où l’investissement de Stellantis. Sa technologie permettrait par exemple d’améliorer les services de navigation en localisant les véhicules sur la bonne voie même en cas d’embranchements complexes (un défaut souvent reproché aux GPS).
Elle pourrait aussi être utile aux systèmes d’aide à la conduite (par exemple pour le centrage des véhicules sur les voies de circulation), et permettre de développer des services grand public comme la dématérialisation du péage, du paiement de la place de parking ou de la recharge en carburant.
Mais surtout, selon Romain Legros, "Geoflex apporte la précision dont les véhicules autonomes ont besoin. Un GNSS professionnel non-corrigé comprend trop de défauts". Sur ce segment, la technologie PPP permet également aux véhicules d’échanger leurs positions entre eux (V2V) et avec les infrastructures (V2X) de manière plus précise.
Mais aussi dans le ferroviaire, l’agriculture ou encore l’iOT
Dans le secteur ferroviaire, l’hypergéolocalisation de Geoflex pourrait, selon l’entreprise, offrir de meilleurs services d’information aux voyageurs. "Cela éviterait les nombreuses amendes infligées par les Régions à la SNCF à cause de trains qui ne sont pas affichés sur les bonnes voies aux bonnes heures", affirme Romain Legros.
Geoflex pourrait également permettre le pilotage automatisé de la chaine de traction des trains, pour empêcher par exemple que certains chauffeurs continuent d’accélérer dans les descentes et freinent en bas, entraînant ainsi des économies d’énergie. "Par ailleurs, le positionnement précis et sûr d’un puissant GPS embarqué pourrait alléger les infrastructures sol en place, qui représentent 40% du coût d’investissement et des coûts de maintenance", ajoute le fondateur.
La start-up s’adresse aussi au secteur aérien pour le contrôle des drones et des les taxis volants. Elle peut également agir dans le milieu agricole pour le développement de tracteurs autonomes, en améliorant la précision de l'épandage hypergéolocalisé de produits phytosanitaires ou le traitement mécanique des mauvaises herbes. Le PPP a aussi évidemment un intérêt dans le secteur de l’iOT.
SUR LE MÊME SUJET
Geoflex lève 6 millions d’euros pour commercialiser ses services d’hypergéolocalisation
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir