Gloire et déboires des pépites du numérique : Aereo, mis hors-jeu par la justice

Suite de notre série consacrée aux start-up surévaluées qui ont connu une descente aux enfers. Aujourd'hui, on évoque le destin d'Aereo, cette société américaine ayant l'ambition de révolutionner la télévision… mais déclarée illégale par la justice.

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Gloire et déboires des pépites du numérique : Aereo, mis hors-jeu par la justice

Dans la bataille de David contre Goliath, si le petit l'emporte dans les mythes, les géants gagnent souvent à la fin dans la vraie vie. Illustration avec le cas Aereo aux Etats-Unis.

De la gloire…

Le cloud pour dynamiter le secteur de la télévision traditionnelle aux Etats-Unis. C'est l'intuition du fondateur d'Aereo, Chet Kanojia. Plutôt que de payer des droits aux chaines pour les diffuser sur son bouquet, il récupère les ondes transmises par les stations locales (gratuites) et les convertit en signal numérique pour les proposer à ses clients. Chacun peut donc recevoir des chaines de télévision sur son ordinateur, son smartphone et sa tablette contre un abonnement de 8 à 12 euros par mois. Le modèle économique de la télévision, et par extension, de toute l'économie du divertissement aux Etats-Unis, est remis en cause.

Le service, lancé en 2012 à New York, provoque immédiatement l'ire des grands networks américains, qui jugent que la start-up agit dans l'illégalité. Une bataille judiciaire s'ouvre alors. Aereo gagne un certain nombre de manches et son service est de plus en plus populaire.

Des investisseurs la soutiennent et début 2014, la start-up est parvenue à lever plus de 100 millions de dollars depuis sa création auprès de fonds de capital-risque. Elle est pourtant présente dans dix grandes villes américaines seulement. Chet Kanojika ne doute pas une seule seconde qu'une décision de justice puisse mettre fin à l'aventure.

… aux déboires

Et pourtant… Le 26 juin, la Cour suprême américaine livre son verdict : elle juge qu'Aereo ne respecte pas les lois sur la propriété intellectuelle et déclare le service illégal. Une grande victoire pour CBS, Comcast, la maison mère de NBC, Walt Disney, qui possède ABC, ou encore Twenty-First Century Fox. Une défaite pour les consommateurs américains, réagit Aereo, contraint de suspendre son service le temps que son appel soit examiné. "Nous avons travaillé avec acharnement pour créer une technologie qui respecte la loi mais la décision d'aujourd'hui stipule clairement que le fonctionnement de la technologie n'a pas d'importance", a commenté le directeur général d'Aereo. "Nous sommes déçus par cette conclusion mais notre travail n'est pas achevé."

Une victoire aurait signifié que de nombreuses start-up se seraient engouffrées dans la brèche, contraignant les chaines de télévision à revoir de fond en comble leur modèle économique. Car jusqu'ici, en plus de la publicité, elles vivent des redevances que paient les cablo-opérateurs pour avoir le droit de les diffuser. Une manne de trois milliards de dollars par an.

Et maintenant ?

Puisque la cour d'appel considère qu'Aereo n'est pas un simple fournisseur d'équipements électroniques, mais bien un opérateur de télévision par câble, la start-up pourrait bien le prendre au mot. Pour survivre, Aereo envisage de demander une licence pour devenir un opérateur de télévision par câble classique. Un changement de stratégie surprenant, dans la mesure où Aereo a passé des années à tenter de prouver qu'elle n'était justement pas cablo-opérateur comme les autres et éviter de payer des redevances aux chaines. La survie de la start-up est à ce prix... mais peut-elle adapter son business model et rester source d'innovation dans cette configuration ?

Sylvain Arnulf

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