
Google a finalisé, le 18 septembre 2019, l'absorption controversée de DeepMind Health. C'est le docteur Dominique King, responsable de Google Health au Royaume-Uni, qui a annoncé cette fusion sur son blog. L'équipe de recherche de DeepMind dédiée aux applications médicales va rejoindre Google Health. Cette opération, annoncée en 2018, aura au final mis un an à se concrétiser. Explications.
I’m excited to say that the DeepMind Health team have joined the Google Health family. We’re looking forward to continuing to build impactful healthcare technologies that can make a real difference to patients and care teams https://t.co/Jz2EFEMm5w
— Dominic King (@Dominic1King) September 18, 2019
DeepMind développe l'application Streams pour la NHS
La start-up DeepMind a été rachetée par Google en 2014, mais a conservé une grande autonomie, suivant la volonté de ses cofondateurs. Elle est aujourd'hui une entité à part du groupe Alphabet. En février 2016, Google DeepMind signe un partenariat avec le National Health Service (NHS), qui gère le système de santé public du Royaume-Uni. Il porte sur les dossiers médicaux de près de 1,6 million de patients dans trois hôpitaux londoniens. L'objectif est de développer une application, baptisée Streams, qui puisse aider les médecins à surveiller les problèmes rénaux et notamment les cas d'insuffisance rénales jusqu'à 48 heures à l'avance.
L'outil doit permettre aux personnels médicaux d'éplucher, en temps réel, les données de ces personnes. Mais une polémique s'est mise à gonfler. Il s'avère que ce ne sont pas seulement les données concernant les malades du rein qui ont transférées mais les informations de tous les patients de ces hôpitaux. Or, ces fichiers comprenaient des indications très sensibles, comme une overdose ou une interruption volontaire de grossesse.
Des garanties trop faibles sur la protection des données patients
Malgré ce contexte délicat et la volonté d'indépendance de DeepMind, la direction du groupe Alphabet a décidé du transfert de sa division santé de DeepMind en novembre 2018. Il n'a cependant pas immédiatement été suivi d'effet. La cause : les deux entreprises n'avaient pas pris d'engagement assez solide sur l'absence total de transfert des données des patients NHS à Google.
"Les données de santé sont très sensibles et nous avons pris le temps nécessaire et obtenu le consentement de l'ensemble de nos partenaires", a indiqué Dominique King. Le cofondeur de DeepMind, Mustafa Suleyman, a tenu le même discours en rappelant que "les données des patients ne seront jamais associées aux produits ou services de Google". Il pouvait, en effet, y avoir quelques raisons de s'inquiéter…
Les résultats de DeepMind remis en cause dans une étude
Mais les complications ne s'arrêtent pas là. La revue Nature a publié une étude, le 31 juillet 2019, dans laquelle elle pointe du doigt les biais majeurs que comporte le système d'analyse de DeepMind. Cette dernière promet une détection des cas d'insuffisances rénales jusqu'à 48 heures à l'avance. Or la petite sœur de Google n'aurait fait que puiser dans une base de données répertoriant les problèmes de rein de vétérans de l'armée américaine, puis recoupé ces derniers avec quelques 9000 critères pour chacun d'entre eux. Résultat : l'outil générerait, en moyenne, deux faux résultats positifs pour un avéré.
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