Google met un terme à Stadia, son service de cloud gaming

Game over pour Google Stadia. Après avoir vivoté pendant près de trois ans, le service de cloud gaming de Google, qui avait pourtant toutes les cartes en main au départ, va fermer ses portes. Une triste fin qui ne surprend pas au vu du manque d'implication de Google, et qui souligne les errements stratégiques de l'entreprise de Sundar Pichai.

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Google met un terme à Stadia, son service de cloud gaming

Personne ne l'avait vu venir. Phil Harrison, VP en charge de Stadia au sein de Google, a annoncé le 29 septembre au soir que le service de cloud gaming prendrait fin le 18 janvier 2023. Les joueurs ont donc deux mois et demi pour finir leurs parties avant que l'accès leur soit définitivement coupé.

Remboursement du matériel et des jeux

Conscient de l'ampleur des promesses non tenues, Google s'engage à rembourser les ventes de matériel (Stadia Controller, Founders Edition, etc.) effectuées sur la boutique Google, de même que les jeux et contenus additionnels achetés sur la boutique Stadia. Les achats faits dans d'autres magasins ne sont en revanche pas éligibles. Les abonnements Stadia Pro ne seront pas remboursés non plus.

Phil Harrison termine son billet de blog en assurant que la technologie au cœur de Stadia trouvera d'autres usages au sein de plateformes comme YouTube, Google Play, ou même de futurs produits de réalité augmentée. Sans oublier bien sûr la commercialisation de cette technologie sous forme de marque blanche, dont l'opérateur télécom américain AT&T a été le premier client dès l'année dernière.

Le clap de fin semble cependant définitif, Harrison indiquant que "de nombreux membres de l'équipe Stadia continueront leur travail au sein d'autres divisions de l'entreprise". Comprendre qu'il ne restera probablement pas d'équipe dédiée.

Un grand gâchis

Le lecteur avisé l'aura compris à la phrase d'ouverture ironique de cette article : cet échec n'est pas une surprise. Stadia a été en perte de vitesse presque dès son annonce d'origine, et ce malgré les déclarations grandiloquentes de Google à l'époque. Son arrêt début 2023, soit environ 3 ans après son lancement, donne presque l'impression que l'entreprise a retardé l'annonce pour sauver un minimum la face.

Ce fiasco n'était pourtant pas couru d'avance. Google était en avance lorsqu'il a lancé son Project Stream avec Ubisoft en 2018. Sa technologie était impressionnante, et son pouvoir de "disruption" du marché du jeu vidéo était pris au sérieux, d'autant plus qu'il misait sur une intégration avec YouTube. Mais l'entreprise n'a pas eu la conviction de s'engager sur le long terme, ni d'investir sérieusement pour conquérir le marché.

Entre la pandémie de Covid-19, qui a obligé les gens à rester chez eux pendant de longues périodes et contribué à une explosion du jeu en ligne, et la pénurie mondiale de semiconducteurs qui a rendu les cartes graphiques et les consoles de jeu de nouvelle génération quasiment introuvables depuis deux ans, Google avait pourtant la situation parfaite pour s'imposer.

Un manque de sérieux caractéristique chez Google

Cette absence de volonté sérieuse est exactement ce que redoutait les développeurs de jeux lors de l'annonce de lancement du service en mars 2020, soulignant le bilan assez ridicule de Google en matière de produits tués sans leur avoir vraiment donné une chance. Le géant de la recherche n'est évidemment pas seul dans ce cas ; Microsoft a également un cimitière bien rempli. Mais c'est devenu presque maladif pour l'entreprise de Mountain View.

Ces errements stratégiques endommagent son image de marque et donnent l'impression d'une arrogance qui fait croire à Google qu'il peut conquérir n'importe quel marché sans y mettre trop d'efforts, ni essayer de vraiment le comprendre. En l'occurrence, bien qu'il soit parti plus tard, c'est Microsoft qui a tiré son épingle du jeu avec le Xbox Game Pass, tandis que le reste de l'industrie (Nvidia, Sony et même Nintendo) poursuivent aussi leur bonhomme de chemin avec ces services en complément de leur business principal. Pour Google, ce marché n'est plus qu'un énième échec.

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