Grande démission : quelles conséquences pour le secteur IT ?
Les confinements successifs ont poussé les salariés à réévaluer leurs modes de vie et leurs priorités, conduisant à des démissions parfois massives dans certains secteurs. Dans cette tribune, Mike Bushong, VP chez Juniper Networks, fait le tour du phénomène et de la façon dont les équipes IT doivent l'appréhender.
Depuis plusieurs mois, le sujet de la "Grande Démission" s’invite dans les médias, aux côtés de sujets sociétaux d’envergure comme la crise énergétique ou l’inflation. Ce phénomène est en effet né aux États-Unis et s’étend désormais au monde entier.
Selon une étude publiée en début d’année par la DARES, qui dépend du ministère du Travail, le nombre de démissions s’est stabilisé à près de 520 000 par trimestre, dont environ 470 000 en contrat CDI. En effet, ce taux est au plus haut en France depuis la crise financière de 2008 et si cette situation n’est donc pas inconnue, la DARES rappelle que le niveau élevé des démissions doit être relativisé.
Toutes les industries sont affectées par la Grande Démission, et le secteur IT ne fait pas exception. Jusque-là, la plupart des discussions portaient sur la façon dont les entreprises peuvent maintenir l’engagement et la satisfaction des employés, et notamment comment attirer et fidéliser les talents. Pourtant, la Grande Démission a également un impact opérationnel majeur que les équipes informatiques ne peuvent se permettre d’ignorer.
La nécessité de repenser le recrutement
Les confinements ont mis les équipes IT face à de nombreux changements, dont la transition vers le télétravail. Ce "nouveau" modèle de travail se pérennise depuis deux ans et a changé la façon dont les entreprises recrutent ainsi qu’où elles le font.
Dans la Silicon Valley, les organisations se livraient autrefois à d’intenses combats pour attirer des talents rares. Mais les confinements ont changé la donne : le champ de recrutement est maintenant élargi à presque tout endroit disposant d’une connexion internet. De grandes entreprises comme Amazon, Google et Apple repoussent les limites géographiques de leurs « tech hubs » et se disputent désormais les talents au niveau mondial.
Cela entraînera deux phénomènes : tout d’abord, il y aura un renouvellement des collaborateurs bien établis, puis les entreprises devront se tourner vers d’autres viviers de talents pour compenser leurs pertes. Cela signifie qu’elles devront planifier l’attrition de manière proactive, mais aussi être capables d’intégrer rapidement les profils moins expérimentés sans sacrifier les services essentiels dont elles sont responsables.
Les responsables techniques comme "source unique de vérité"
Les systèmes de gestion des datacenters utilisent parfois ce terme de « source unique de vérité ». Appliqué aux outils, il s’agit d’un système d’enregistrement centralisé responsable de la configuration et d’autres données système nécessaires au fonctionnement des datacenters. Mais étant donné la dépendance aux opérations manuelles et à la mémorisation des commandes clés, que se passe-t-il si la source unique de vérité n’est pas un tel outil ?
Dans plusieurs entreprises, l’unique source de vérité est en effet l’architecte ou le responsable des opérations. Ces collaborateurs travaillent souvent dans l’entreprise depuis plus de dix ans et ont tendance à savoir tout ce qu’il y a à savoir sur son infrastructure IT. Lorsqu’un problème survient, d’autres employés peuvent commencer à le résoudre, mais inévitablement, le processus aboutit toujours avec un email adressé à ce responsable technique.
Les compétences qui les rendent quasi indispensables sont les mêmes qui les rendent extrêmement vulnérables. Et s’il existe des serveurs, des systèmes de stockage et même des datacenters de sauvegarde, combien d’entreprises disposent réellement de spécialistes techniques dédiés ? Si les scénarios d’échec peuvent être terribles, ils peuvent également être durables.
Des procédures informatiques à moderniser
Les opérations matures basées sur des plateformes qui codifient les connaissances institutionnelles représentent un moyen important de mettre à niveau l’infrastructure et de préparer des plans d’urgence. Les entreprises devraient ainsi examiner les outils informatiques disponibles en recherchant spécifiquement des plateformes de gestion qui servent de source unique de vérité et assurent une certaine fiabilité.
Plus important encore, l’infrastructure informatique ne doit pas se résumer au mantra "set-it-and-forget-it", plutôt applicable aux domaines dans lesquels un changement par décennie peut suffire. Les systèmes de gestion doivent ainsi être fortement axés sur l’approche Day-2 afin que les réparations ne semblent pas irréversibles.
Les raisons techniques pour lesquels rechercher ces éléments devraient être évidentes puisqu’il convient de favoriser un environnement de travail où le temps serait consacré aux problèmes majeurs. Qu’est-ce qu’une équipe informatique pourrait donc faire de plus si elle avait du temps ? Comment accueillerait-elle les outils de résolution automatisés ?
En outre, dans quelle mesure les efforts de recrutement seraient-ils plus pertinents si l’environnement de travail était moins défini par des processus vieillissants et des tâches manuelles ; et davantage par une catégorie de technologie innovante et disponible dans le cloud ? La renaissance des opérations IT ne consiste pas seulement à l’accélération des délais et les avantages des opérations de type "cloud" iront certainement au-delà des KPIs indiqués sur les tableaux de bord des RSSI.
Les changements dans le sentiment et les préférences des employés sont plus profonds que la pandémie et il est aujourd’hui clair qu’un "retour à la normale" n’est plus possible. Un exemple avec les systèmes dont les équipes profitent pour rationaliser le travail hybride et accélérer la productivité de nouvelles recrues qui continueront à changer la façon dont les équipes IT travaillent sur le long terme. Il s’agit bel et bien d’un moyen efficace et innovant pour fidéliser les talents, aujourd’hui et bien au-delà de la fameuse Grande Démission.
Mike Bushong, VP Cloud-ready datacenter, Juniper Networks
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