HTC Vive Flow : un casque de réalité virtuelle au potentiel intéressant mais aux usages trop limités

HTC tente un pas de côté avec le Vive Flow, un casque de réalité virtuelle qui ne s'adresse ni aux gamers, ni aux professionnels mais au segment "lifestyle". Un positionnement ambitieux qui s'appuie sur un format ultra compact, mais qui n'est pas sans contre-parties.

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HTC Vive Flow : un casque de réalité virtuelle au potentiel intéressant mais aux usages trop limités

HTC a lancé fin 2021 le Vive Flow, un casque de réalité virtuelle compact et léger qu'il positionne sur un segment de marché "casual", c'est-à-dire qu'il destine le produit au grand public et pour un usage modéré. Mais son prix n'est pas anodin : 549 euros. L'expérience qu'il propose saura-t-elle convaincre sa cible d'investir une telle somme ? Le constructeur taïwanais nous en a fait parvenir un exemplaire accompagné d'une batterie externe et d'un smartphone HTC U20 pour que nous puissons le tester. Le casque ne fonctionne en effet qu'en se connectant à un appareil externe.

Une fois sorti de la boîte, le Vive Flow nécessite une application mobile dédiée et demande une longue mise à jour lors de l'installation. Il ne dispose que d'une très faible batterie interne, juste de quoi passer d'une source d'énergie à une autre sans s'éteindre, ce qui nécessite de le brancher par câble à la batterie ou au smartphone lui-même. Cette seconde option, bien qu'étant plus pratique (seuls deux appareils à transporter), n'est cependant pas recommandée comme nous le verrons un peu plus bas.

Une interface limitée au 3DOF

Le Vive Flow s'appuie sur une boutique d'applications dédiée, le Vive Store. Elle donne accès à quelques applications VR de qualité, parmi lesquelles on trouve les jeux Virtual Virtual Reality, Underworld Overlord, Secrets of Retropolis, Daedalus, Spark of Light, Fire Escape, et Lola and the Giant. Sont aussi disponibles des applications de relaxation ou bien-être comme Nature Treks, Flow Meditation ou Holofit.

Il faut néanmoins noter que l'interface est limitée : le casque est livré sans contrôleur et ne permet pas d'utiliser simplement ses mains pour interagir. C'est le smartphone auquel on est connecté par Bluetooth qui sert de contrôleur 3DOF (en mode "pointeur laser"), à la manière de ce que proposait le Vive Focus originel ou l'Oculus Go. Rien à voir donc avec ce qu'il est possible de faire sur un Oculus Quest 2, actuel leader du marché. Outre les quelques jeux cités plus haut, qui sont d'excellente qualité, il faudra donc se contenter d'applications de yoga et surtout de vidéos.

Le visionnage vidéo, principal cas d'usage

Car c'est bien là l'intérêt principal du Vive Flow à notre sens : un casque léger qui permet de disposer d'un home theater personnel en quasiment toutes circonstances. Pour en profiter, il faut utiliser la fonctionnalité de "mirroring" du Vive Flow, qui devient en fait un écran pour le smartphone. Des services comme Netflix ou Amazon ne sont en effet pas disponibles par défaut sur le casque. Nous avons testé ce cas d'usage de façon extensive.

Il y a bien une application Vive Video qui dispose d'un certain nombre de "chaînes", certaines gratuites comme Vimeo ou Redbull, d'autres payantes comme... Bikini Yoga, sans doute très relaxante par ailleurs. Il est aussi possible de charger des vidéos localement sur le casque (il dispose de 64 Go de stockage interne non extensible), y compris des vidéos stéréoscopiques à 180° ou 360° dans différents formats.

A noter néanmoins qu'il est nécessaire de repréciser le format à chaque nouveau fichier, donc pour regarder de courtes vidéos les unes à la suite des autres cela devient vite fatigant. Autre point important : le Vive Flow n'a pas accès aux vidéos stockées sur le smartphone. Pour les visionner, il faut utiliser Miracast (la fonctionnalité "miroir") puis une application installée sur le smartphone lui-même. Autant dire que c'est très peu pratique.

Bonne qualité visuelle, mais un son un peu faible

Au niveau de la fidélité visuelle, on trouve un écran LCD avec une résolution de 1600 x 1600 pixels par œil. Sa fréquence de rafraîchissement est de 75 Hz, et le champ de vision est de 100°. Des lentilles de nouvelle génération dites "pancake" offrent une excellente netteté (et permettent ce format compact). Au global, ces caractéristiques sont satisfaisantes sans être exceptionnelles par rapport à la concurrence. La résolution reste notamment bien en deçà de ce que fournit une tablette, et l'utilisateur s'intéressant à l'aspect "visionnage" devra donc en tenir compte.

Sur le plan sonore, l'absence de port jack 3,5 mm est un point noir et les haut-parleurs par défaut manquent un peu de puissance pour fournir une expérience vraiment immersive, même dans un environnement calme. Avec un peu de bruit ambiant, il faudra obligatoirement passer par des écouteurs sans fil.

Batterie externe quasi-obligatoire

Lors de nos essais, en utilisant alternativement le HTC U20 et un Samsung Galaxy S21, il est vite apparu que le Vive Flow aspire la batterie du téléphone à vitesse éclair s'il sert de batterie au casque. Regarder une vidéo pendant 20 minutes sur Amazon Prime (par streaming via Miracast) fait perdre 20% d'autonomie, passant de 95% à 75%. Lorsque nous avons cherché à reprendre la lecture, le lecteur a même indiqué n'avoir pas assez d'énergie et s'est éteint.

L'expérience est beaucoup plus confortable avec la Powerbank (capacité de 9750 mAh), vendue séparément pour 59 euros. Regarder un épisode de Cowboy Bebop sur Netflix (d'une durée de 20 minutes) n'a consommé que 6% d'énergie. Lors d'un autre visionnage alternant 20 minutes de Prime Video et 10 minutes de Netflix (en streaming), 10% de batterie ont été dépensés. La consommation d'énergie est plus importante avec les jeux, mais un usage varié nous a permi d'atteindre presque 5 heures d'utilisation.

Quelques petites anicroches à noter : la Powerbank ne fournit du courant que si on la branche du port USB A vers l'USB C, tandis que pour brancher le Vive Flow à un smartphone c'est de l'USB C vers USB C. Un choix étonnant et contre-intuitif, qui nécessite d'avoir deux câbles si on souhaite pouvoir utiliser deux appareils en tant que batterie. Par ailleurs le câble équipé d'un port USB A ne permet pas de faire de transfert de fichiers depuis un ordinateur, ce qui est aussi regrettable.

Quelques problèmes de stabilité

La stabilité de la vidéo n'est également pas toujours parfaite. Netflix a souvent été moins stable que Prime Video lors de nos tests, l'image et le son "sautant" un peu, même lorsque les vidéos étaient enregistrées en local. En streaming, il y avait parfois une diminution de la qualité (très visible en VR) même en ayant une connexion fibre. C'était plus gênant sur Prime Video.

Nous avons également testé d'autres services, comme Crunchyroll, directement dans Chrome. C'était fonctionnel, même si peu pratique du fait de l'interface inadaptée. Utiliser l'application native reste préférable et de loin.

Une ergonomie encore perfectible

Du côté du design et de l'ergonomie, le tableau n'est pas parfait. Si le Vive Flow est vraiment beaucoup plus compact qu'un Oculus Quest 2 (voir photos) et que ses branches peuvent se plier, il prend quand même pas mal de place dans un sac, et la batterie externe (qu'il s'agisse de celle de HTC ou d'une autre) rajoutera forcément de l'encombrement. On est donc encore bien loin de lunettes de soleil ou même d'un masque de ski, le Flow restant bien un casque VR malgré le marketing de HTC à cet égard.

Rien à redire en revanche sur le poids non plus : à 189 grammes (contre 503 grammes pour l'Oculus Quest 2), le Vive Flow est tellement léger qu'il tient sans peine sur le visage et n'appuie pas dessus, malgré un maintien assuré par de simples branches de lunettes. Cela veut aussi dire qu'il est compatible avec toutes les chevelures car il ne nécessite pas de sangle sur le haut du crâne.

Néanmoins, nous avons trouvé lors d'une utilisation dans la durée que les branches font mal aux tempes, ce qui peut vite s'avérer désagréable suivant les morphologies. Nous recommandons donc fortement de l'essayer avant d'acheter.

Autre point majeur : du fait de son format très compact, le Vive Flow ne laisse aucune place pour des lunettes de vue. Pour pallier ce problème, HTC a directement intégré une correction de la myopie à l'appareil, qui va de 0 à -6 dioptries. Une solution ingénieuse mais malheureusement lacunaire, car les astigmates et hypermétropes n'ont pas de solution et ne pourront pas utiliser l'appareil confortablement à moins de porter des lentilles de contact. C'est d'autant plus embêtant que beaucoup de myopes sont aussi astigmates... Au passage, le réglage de l'écart interpupillaire n'est pas possible non plus, ce qui est regrettable.

Un potentiel non réalisé

HTC a fait des choix intéressants avec le Vive Flow, mais arrive peut-être trop en avance de phase. Le prix du casque et les expériences limitées qu'il propose le rendent difficile à recommander face au Quest 2, vendu 349 euros (soit 200 euros de moins) et qui fonctionne sans nécessiter de smartphone ni de batterie externe.

Malgré ces gros bémols, pour l'utilisateur recherchant un casque compact pour visionner des films et séries et pour qui le prix n'est pas un facteur, il peut s'avérer un choix viable, à condition de bien garder en tête qu'il s'agit d'une "v1", et qu'il faudra composer avec des problèmes de stabilité logicielle comme ceux rencontrés avec le mode miroir du smartphone.

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