
Woof… C’est à la vitesse du son que le fantasque industriel Elon Musk compte nous faire voyager dans quelques années. Installés, nous serons, dans une capsule projetée à l’intérieur d’un tube presque vide d’air. Une idée de science fiction qu’il n’a pas peur de frotter à la réalité. C’est sans doute sa première caractéristique de "Silicon Valley native". Car on l’oublierait presque, tant ses entreprises, Tesla ou Space X, sont de "vrais" industriels, fabricant de "vrais" produits, mais l’homme reste un digital entrepreneur dans l’âme. Programmeur dès sa prime jeunesse, il vient directement de la grande famille Paypal.
Hyperloop à la loupe
Et son projet le plus controversé, Hyperloop, est la toute dernière démonstration de ses indéfectibles liens avec ce monde du numérique. Faute de temps - déjà quelque peu occupé par Tesla et SpaceX -, Elon Musk a confié à d'autres la réalisation de cet étrange tube dans lequel il veut projeter des capsules et leurs passagers à près de 1300 km/h. Avec un modèle de lancement presque aussi original que le projet lui-même. Comme l’ont relaté les magazines américains Wired et Forbes à plusieurs reprises depuis le début de l’année, à l’occasion de l’annonce d’une probable entrée en bourse au troisième trimestre de la structure qui l’héberge.
140 signes pour lancer le projet
Dès juillet 2013, Elon Musk a choisi de lancer l’aventure Hyperloop en 140 signes. Il a annoncé la publication des premiers éléments de design et du livre blanc associé sur le site de microblogging. "Des propositions critiques d’amélioration seraient très appréciées", a-t-il tout simplement twitté.
Will publish Hyperloop alpha design by Aug 12. Critical feedback for improvements would be much appreciated.
— Elon Musk (@elonmusk) 15 Juillet 2013
Hyperloop Alpha at http://t.co/ZRTcT2b8bP and http://t.co/7cucKKprPB pic.twitter.com/LYhuRxUntA
— Elon Musk (@elonmusk) 12 Août 2013
Crowdsourcing, plate-forme collaborative, hiérarchie plate
Mais loin de la simple annonce, comme le raconte Wired, ce message a servi à bâtir en quelques mois une communauté qui compte aujourd'hui quelque 200 ingénieurs américains triés sur le volet. Employés d’Airbus, Boeing, Yahoo!, la Nasa, Salesforce ou SpaceX, ils oeuvrent durant leur temps libre au design des capsules aussi bien qu'à l'optimisation du coût du projet. Leur rémunération ? Des stock-options, tout simplement. Une vingtaine d’étudiants du UCLA (University College of Los Angeles) les aident également depuis le démarrage.
Toujours dans Wired, Dirk Ahlborn, CEO de Hyperloop Transport Technologies (la structure qui mène à bien le projet) explique que le travail se fait principalement par mail dans des groupes de travail focalisés sur un sujet, avec simplement un point d’avancement hebdomadaire. La hiérarchie est minimale, mais selon lui, des leaders ont émergé naturellement. Ils leur suffit de l’appeler si une décision doit être validée. Dans un autre article de fin 2014, le magazine raconte d’ailleurs comment JumpStartFund, une start-up associant crowfunding et crowdsourcing créée par... Dirk Ahlborn, a sauté sur l’occasion dès le premier tweet. Elle a embarqué le projet sur sa plate-forme et créé Hyperloop Transport Technologies.
Une tarification inspirée des jeux en ligne
Le CEO de la jeune pousse a par ailleurs déclaré à la chaîne CNBC, que le prix de ses voyages supersoniques pourraient lui-aussi aller chercher du côté du numérique. S’inspirant en partie des jeux en ligne, souvent gratuits mais qui proposent des achats dans le jeu, et en partie de l’économie Uber (dans laquelle un des fondateurs d’Hyperloop a investi…) qui fait varier les tarifs en fonction de la disponibilité. Le modèle du jeu impliquera néanmoins un grand nombre de voyageurs, car cette industrie le sait, à peine quelques pourcents des joueurs dépensent de l’argent.
Une industrie manufacturière née du numérique
Un modèle de crowdsourcing (appel à la foule), d’open innovation, de collaboration, de plate-forme, avec une hiérarchie plate, de l’agilité… Vous avez dit économie numérique ? Ni Tesla, ni Space X, ni Hyperloop ne sont des pure players du numérique. Elon Musk n’est ni Sergei Brin, ni Larry Page de Google, ni Mark Zuckerberg de Facebook. Il fabrique des produits, en rupture certes, mais industriels. Point de moteur de recherche, ni de réseau social. Pourtant, avec ses modèles d’organisation, d’innovation, son modèle économique, il montre la voie d’un tout nouveau modèle d’industrie. Supersonique ?
Hyperloop est reel, rencontre avec les startups qui commercialisent le voyage supersonique (Forbes)
Les deux articles de Tim Urban, fondateur du site Wait-and-Why, à qui Elon Musk a souhaité raconter ses aventures industrielles :
Comment Tesla va changer votre vie
Elon Musk, l’homme le plus "super" du monde
Réagir
1 commentaire
Répondre au commentaire | Signaler un abus