IBM paie pour vendre ses semi-conducteurs afin de garder son indépendance technologique

IBM va débourser 1,5 milliard de dollars pour la cession de ses activités de production de semi-conducteurs à GlobalFoundries. C’est le prix de son indépendance technologique et de son assurance de continuer à produire ses circuits actuels selon les procédés les plus avancés.

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IBM paie pour vendre ses semi-conducteurs afin de garder son indépendance technologique

C’est officiel. IBM va céder ses activités de production de semi-conducteurs au fondeur américain GlobalFoundries. Et paradoxalement, ce n’est pas le repreneur qui va payer le vendeur pour ce transfert. C’est le contraire. Big Blue va débourser 1,5 milliard de dollars.

Le vétéran informatique cède en effet une activité en déclin et lourdement déficitaire. "Cela fait longtemps que son activité semi-conducteurs est en perte de vitesse", rappelle Jean-Pierre Della Mussia, ancien directeur de la rédaction d’Electronique International Hebdo, aujourd’hui consultant indépendant.

Et la situation n’a fait que se dégrader récemment avec la perte du marché du processeur principal des nouvelles consoles de jeux PS4 de Sony et Xbox One de Microsoft au profit d’AMD. IBM affiche ainsi une perte d’exploitation d’environ 100 millions de dollars par trimestre pour un chiffre d’affaires annuel de 1,4 milliard de dollars.

Garder le contrôles des processeurs de serveurs

Mais une autre raison oblige IBM à payer : son souci d’indépendance technologique. Car s’il cède à GlobalFoundries ses usines à East Fishkill (Etat de New York) et Essex Jonction (Etat de Vermont), ses activités dans les circuits Asic et radiofréquences, et ses milliers de brevets dans la ces domaines, il ne se désengage pas complètement. Il conserve la conception de ses processeurs Power au cœur de ses serveurs à hautes performances, gros ordinateurs (Mainframe) et supercalculateurs. IBM considèrant toujours la maïtrise de cette famille de puces comme stratégique.

IBM aurait pu fermer ses usines et confier la fabrication de ses processeurs à GlobalFoundries, comme le font des sociétés fabless comme AMD, Nvidia ou Qualcomm. "S’il préfère payer, c’est pour des raisons de sécurité et d’indépendance, explique Jean-Pierre Della Mussia. Ainsi il pourra continuer à produire ses circuits actuels selon ses propres procédés."

En confier la fabrication à GlobalFoundries selon les procédés du fondeur obligerait IBM à revoir la conception de ces circuits, ce qui le mettrait en dépendance technologique vis-à-vis du sous-traitant. Sans compter le coût en temps et argent.

Préserver son avance en R&D

Bien qu’il soit un petit acteur dans les semi-conducteurs, IBM a toujours été à la pointe dans le secteur, fédérant autour de lui une vaste alliance de recherche qui comprend notamment Samsung, TSMC,GlobalFoundries, STMicrosoelectronics et Freescale, et qui fait face à Intel, le leader du marché.

Le processeur Power 8, lancé en mai 2014, est fabriqué en gravure de 22 nm sur du silicium sur isolant, ce qui, selon Jean-Pierre Della Mussia, le met à parité avec Intel qui grave ses nouveaux processeurs en 14 nm mais sur silicium massif. "Mais IBM est en avance sur Apple, dont la dernière génération de processeurs A8 et A8X est gravé en 20 nm chez TSMC", estime-t-il.C’est cette avance qu’IBM veut conserver en maintenant ses activités de R&D dans les semi-conducteurs. Big Blue a confirmé son investissement de 3 milliards de dollars sur les cinq prochaines années dans le domaine.

Pour faire fabriquer ses processeurs pendant les dix années à venir, il donnera à GlobalFoundries accès aux technologies de fabrication en 22 nm, 14 nm et 10 nm qu’il aura développées. "Cela lui coûte probablement moins cher que d’avoir à concevoir ses circuits selon les procédés spécifiques de son fondeur", conclue Jean-Pierre Della Mussia

Ridha Loukil

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