Icow, le populaire service mobile des fermiers kenyans bientôt étendu à d’autres pays africains
L’entrepreneuse kenyane Su Kahumbu Stephanou a lancé en 2011 Icow, un service sur téléphone mobile pour les petits fermiers de son pays.
Un moyen de développer leur productivité via une information personnalisée sur leurs élevages et leurs cultures.
L’entrepreneuse vient de lancer la version 2.0 d'Icow et envisage de le rendre accessible à d’autres pays d’Afrique.
Nous l’avons rencontré au forum de l’économie responsable 2015 de Lille.
Anne-Sophie Bellaiche
L'Usine Digitale : Qu’est ce que Icow ?
Su Kahumbu Stephanou : C’est un service d’information par sms sur mobile, les fermiers s’y abonnent et reçoivent trois sms par semaine. Ils peuvent aussi nous joindre par téléphone pour des sujets particuliers. Ce n’est pas une app sur smartphone car nos petits fermiers ruraux du Kenya ne sont pas connectés à internet. Ils ont des mobiles basiques qui consomment peu d’électricité et qu’ils rechargent en crédit au jour le jour. C’est un système low tech pour l’utilisateur mais high tech dans son back office car il est totalement personnalisé.
Comment ?
D’abord, l’éleveur choisit le type de cultures qui l’intéresse, ensuite il peut par exemple entrer le calendrier de gestation de ses vaches ce qui lui permet de mieux suivre la santé de l’animal tout au long de la gestation via des alertes. Il est aussi localisé ce qui permet de le renvoyer sur un réseau local de partenaires, des vétérinaires ou des agences gouvernementales spécialisées. Nous pouvons aussi l’alerter sur des maladies qui se développent dans sa région afin de faire de la prévention.
Ce conseil que vous fournissez, les fermiers ne pourraient-ils pas le trouver dans leurs réseaux traditionnels ou dans des livres ?
Mais il n’y a pas de librairie dans les zones que nous touchons ! (rires) De plus l’élevage est souvent une activité complémentaire pour ces personnes. Ils n’ont pas une grande expertise, ils ont souvent une ou deux vaches seulement. Nous promouvons auprès d’eux une agriculture raisonnée. L’enjeu n’est pas de les pousser à utiliser massivement des engrais ou des techniques coûteuses. Rien qu’avec une meilleure information, ils préservent mieux la santé de leurs cultures et de leurs bêtes, ils gagnent en productivité sur les rendements. Et il développe leur connaissance. J’ai rencontré un jour un fermier qui avait 6 cahiers remplis de nos SMS, c’était en quelques sorte sa bibliothèque.
Comment financez-vous le service ?
En partie avec les abonnements car nous considérons que les fermiers doivent payer, ne serait ce qu’une toute petite somme pour que le service soit valorisé et utilisé. Nous avons un partenariat avec Safaricom (l’opérateur télécom kenyan) qui assure toute la promotion et le marketing du service. D’autres acteurs nous soutiennent comme la fondation ELEA, Biovision et Accenture. Aujourd’hui, nous avons 100 000 utilisateurs actifs et 600 000 dans notre base.
Allez-vous étendre votre service à d’autres pays ?
Oui, car l’infrastructure technique est en place et elle s’est amélioré depuis que nous avons lancé ce mois-ci la version 2.0. C’est surtout une question de contenus et de traductions pour l'étendre. La version kenyane est en anglais et en swahili. Nous visons trois pays en particuliers : l’Ouganda, la Tanzanie et l’Ethiopie.
Avez-vous besoin de soutien pour vous développer ?
Oui, car j’aimerais pouvoir envoyer plus de SMS et les moyens financiers des fermiers sont limités. Si au lieu d’en envoyer trois par semaine, on en envoyait le double l’expertise des éleveurs progresserait plus vite et leurs revenus aussi.
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