Intel abandonne son projet de rachat de Tower Semiconductor
Cette opération d'un montant de 5,4 milliards de dollars n'a pas été approuvée par les autorités chinoises de la concurrence. Elle est victime de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.
Face au silence radio de Pékin, Intel jette l’éponge. Mercredi 16 août, le géant américain des semi-conducteurs a annoncé l’abandon de son projet de rachat du groupe israélien Tower Semiconductor.
Intel était prêt à signer un chèque de 5,4 milliards de dollars pour mettre la main sur le petit fondeur. L’opération avait été officialisée en février 2022, mais elle n’a pas reçu l’indispensable feu vert des autorités chinoises de la concurrence alors que l’accord initial a pris fin le 15 août.
Rivaliser avec TSMC
Ce rachat devait permettre au groupe américain de doper son activité de fondeur fabless, produisant les puces conçues par d’autres entreprises. C’est l’un des objectifs prioritaires de Pat Gelsinger, le nouveau patron d’Intel, nommé début 2021 pour impulser une nouvelle stratégie.
Intel se rêve en concurrent majeur de TSMC, le leader taïwanais du secteur. Tower Semiconductor devait lui permettre d’acquérir des expertises qu’il ne possède pas, notamment dans les puces radiofréquences. Et aussi d’acheter un portefeuille de clients dans l’automobile, l’énergie et la téléphonie mobile.
Cet échec, qui va se traduire par le paiement d’une indemnité de 353 millions de dollars à Tower, va avoir un impact “modeste sur les perspectives d'Intel dans le domaine des fonderies", explique Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein. “Ces efforts n'allaient jamais être faciles, même avec Tower. Ils pourraient s'avérer encore plus difficiles maintenant."
Le précédent Qualcomm
Créée en 2021, la division Intel Foundry Services (IFS) a généré un chiffre d’affaires de 232 millions de dollars au deuxième trimestre, quatre fois plus qu’un an plus tôt. Elle reste cependant relativement petite face aux 12,9 milliard de dollars de chiffres d’affaires d’Intel sur cette période. Et aux 15,7 milliards de recettes de TSMC.
Ce n’est pas la première fois que Pékin fait capoter une acquisition américaine sur le marché des semi-conducteurs, en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis. En 2018, Qualcomm avait déjà dû renoncer au rachat du néerlandais NXP pour 44 milliards de dollars, faute d’avoir obtenu un feu vert chinois à temps.