Intel France : "Le Chips Act sera essentiel pour la compétitivité des entreprises européennes"
Le plan d'investissement européen dans les semi-conducteurs est une très bonne nouvelle, pour le président d'Intel France. Le groupe américain annoncera d'ici mars dans quel pays européen il compte implanter sa nouvelle fonderie dotée de technologies de production dernier cri, et son nouveau centre de R&D.
Intel ne cache pas sa satisfaction à l'égard du plan semi-conducteurs à 43 milliards d'euros présenté par Bruxelles cette semaine. "Je suis persuadé que c'est essentiel pour la compétitivité des entreprises européennes. D'autant plus que le Chips Act prévoir d'investir en capacités de production, mais aussi en R&D", réagit Stéphane Nègre, le président d'Intel France, dans un entretien accordé à L'Usine Digitale.
"Niveler le différentiel de coût de production"
Le Chips Act a pour objectif de réduire la dépendance européenne aux fournisseurs de semi-conducteurs asiatiques, et de faire remonter la part de l'Europe dans la production mondiale à 20% d'ici 2030, contre un peu moins de 10% aujourd'hui. En outre, le projet consiste à construire ces nouvelles capacités de production autour des technologies les plus en pointe, c'est-à-dire sur les puces les plus miniaturisées, à l'inverse de l'avantage comparatif européen actuel. Pour se donner les moyens de ses ambitions, Bruxelles autorisera les États membres à déroger aux règles de concurrence qui limitent les aides d'Etat.
Ces aides seront-elles suffisantes pour compenser les écarts de coûts de production entre l'Europe et l'Asie ? "Si l'Asie est plus compétitive de l'ordre de 40%, c'est principalement en raison de l'accompagnement des gouvernements", répond Stéphane Nègre. "Le Chips Act va permettre de niveler le différentiel de coûts de production, et permettra une croissance des projets dans le temps".
Débouchés dans l'industrie automobile
Intel fait partie des premiers fondeurs candidats à la création de nouvelles lignes de production en Europe. Le groupe a annoncé en septembre son intention d'investir 20 milliards d'euros dans deux premières tranches qui devraient ouvrir en 2025. "A terme, les tranches successives pourraient représenter 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années". Le groupe, qui possède déjà une fonderie en Irlande, construira cette usine de sorte qu'elle produise des semi-conducteurs "à l'état de l'art au moment du lancement, et en cohérence avec le Chips Act", c'est-dire qu'elle pourrait produire avec des processus de gravure en 2 ou 3 nanomètres, voire moins.
Plusieurs acteurs du marché des semi-conducteurs ont réagi à l'annonce du Chips Act en soulignant le manque de débouchés locaux pour ces futures capacités de production proposant ce niveau de finesse de gravure, plutôt réservé à des clients comme Apple et Qualcomm. Mais Stéphane Nègre relativise, en pointant notamment les futurs besoins de l'industrie automobile européenne. "Actuellement, les semi-conducteurs représentent de l'ordre de 4% du coût de production d'une voiture. En 2030, on estime que cela passera à 20%, du fait des ruptures technologiques que sont le véhicule électrique et autonome, qui vont demander des composants différents et des technologies de pointe. Il faut se projeter en 2028 ou en 2030. De plus, la demande de semi-conducteurs va doubler d'ici là."
fonderie ouverte aux tiers, centre de R&D pour la co-conception
Selon Bloomberg, Intel aurait jeté son dévolu sur l'Allemagne pour la fonderie, tandis que la France pourrait accueillir un nouveau centre de R&D et l'Italie une usine d'assemblage. L'américain n'a pas commenté l'information, mais précise que la décision devrait tomber d'ici fin mars.
La particularité de la nouvelle fonderie est qu'elle ne produira pas seulement des semi-conducteurs pour Intel lui-même. La nouvelle stratégie "IDM 2.0" du groupe fait évoluer son business model, en ouvrant ses fonderies à la production pour les tiers. C'est l'objet de la nouvelle division Intel Foundry Services, qui en plus de commercialiser les capacités de production, co-développera des composants sous architecture x86, ARM ou RISC-V avec les futurs partenaires. "L'outil industriel sera très flexible pour s'adapter aux besoins", précise le président d'Intel France. Le nouveau centre de R&D servira à ces efforts de recherche et développement conjoints.
Intel a annoncé lundi qu'il rejoignait l'initiative open source RISC-V, dont fait également partie ARM. "Le monde va vers des architectures de plus en plus ouvertes. A cet égard, il est positif pour le marché que l'architecture ARM reste la plus ouverte possible ", commente Stéphane Nègre, réagissant à l'abandon du rachat d'ARM par Nvidia.
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