Intel, le grand frère américain de la high-tech israélienne
L’acquisition de Mobileye pour 15,3 milliards de dollars a mis en lumière les ambitions d’Intel pour la voiture autonome. Des ambitions nourries en Israël où Intel a depuis 1974 développé de nombreux et fructueux partenariats. Aujourd’hui, plus de 10 000 personnes travaillent directement pour Intel dans le pays.
“Notre entreprise est autant israélienne qu’américaine”, glisse avec le sourire le PDG d’Intel, le 15 mars dernier, lors de l’officialisation du rachat de Mobileye par le géant américain. Devant le Premier ministre Benyamin Netanyahou et un parterre de diplomates américains, Brian Krzanich a voulu souligner que l’acquisition de la pépite israélienne n’était pas tout à fait un exit comme les autres. Ce serait en quelque sorte un exit “interne” tant Intel fait partie de l’écosystème israélien.
Premier employeur du pays, Intel Israël compte 10 200 employés, dont les deux tiers travaillent dans le développement, et fournit un travail indirect ou de sous-traitance à plus de 30 000 personnes. L’année dernière, Intel Israël a exporté pour 3,5 milliards de dollars de biens et de services, 8% des exportations high-tech du pays, “un impact significatif en termes de croissance", souligne Raphaël Gozlan, économiste en chef d’un fonds d’investissement à Tel-Aviv. "Outre ses opérations traditionnelles de fabrication de puces, sa contribution à la high-tech israélienne est énorme. Il est vrai que d'autres grandes entreprises mondiales telles Google et Facebook ont également des centres de R & D en Israël. Mais la portée des investissements d'Intel est à un niveau différent", explique-t-il dans le journal économique Globes.
Avant l’acquisition de Mobileye, Intel avait négocié avec l’Etat hébreu de nouveaux investissements. En 2014, Intel a ainsi décidé de moderniser son usine de Kiryat Gat située dans le Neguev israélien. En échange de baisse d’impôts, Intel a investi 6 milliards de dollars pour produire en masse les microprocesseurs de nouvelle génération. Si les travaux de l’usine sont toujours en cours, le travail de conception est plus que jamais en route. Mis au point au centre de développement d’Intel Israël à Haïfa, le nouveau processeur Intel de septième génération, connu sous le nom de Kaby Lake, offre une touche de fraîcheur au traitement graphique des vidéos haute-définition ainsi qu’aux jeux en réalité virtuelle.
Intel, au coeur de l’écosystème israélien
Comme de nombreuses entreprises basées en Israël, Intel fait aussi son marché dans le domaine des start-ups. “Notre activité dans ce domaine est plus importante que jamais”, confirme la compagnie à l’Usine Digitale. Pas moins de 20 entreprises dans le portefeuille du géant américain, et 12 ont reçu une participation ou ont été acquises en 2016. Parmi elles Velostrata (Cloud), WSC Sports (vidéo technologie), Panoply (Data), Alcide (cyber-sécurité), ou encore Sedona (Application optique). L’acquisition des start-ups Omek et Envision ont permis de fonder Intel Realsense. Cette solution fait appel à différentes technologies de détection pour mettre en œuvre la perception de profondeur, l'image en 3D, la cartographie intérieure et le suivi de caractéristiques.
L’acquisition de Mobileye fait aussi entrer Intel dans les stands de la voiture autonome. Déjà associé à un projet avec BMW et Mobileye, Intel a donc préféré prendre la main sur l’entreprise israélienne, la développer en partie aux Etats-Unis tout en préservant l’essentiel des activités au niveau local. “Ce n’est pas une question d’argent”, assure de son côté Amnon Shashua, l’un des deux co-fondateurs de Mobileye. “Il s’agit d’accroître nos possibilités de développement”, affirme-t-il. Plusieurs experts à travers le monde confirment que 15,3 milliards de dollars est un très bon prix pour Intel. Peu avant la vente, Mobileye avait déjà capitalisé plus de 11 milliards de dollars au marché boursier de New-York. Des évaluations publiées cette semaine ont conclu que l'activité commerciale conjointe d'Intel et de Mobileye générerait des revenus annuels de 10 milliards de dollars en quelques années.
Intel Israël est né en 1974
Des sommes astronomiques qui justifient les investissements réguliers d’Intel en Israël. Tout commence en 1972 quand un ingénieur israélien d’Intel, Dov Frohman, invente l'EPROM, une mémoire effaçable grâce aux ultra-violets. Une découverte qui pose les bases de la mémoire flash. Impressionné, Intel décide en 1974 de créer un petit centre de recherche à Jérusalem, à la recherche de nouveaux talents made in Israël. 40 ans plus tard, Intel a ouvert cinq autres sites dont le plus grand est situé à Haïfa. Son rayonnement dépasse désormais les murs de ses centres de recherche.
Selon une étude interne, sur 10 000 anciens employés de la firme, 30 créent chaque année une entreprise technologique, recrutant chacune 250 employés. Si Intel offre une expérience de qualité à ses employés, elle investit aussi 20 millions de dollars dans des programmes universitaires, des bourses ou des concours technologiques. Elle fait corps avec la société et les problématiques de la société israélienne en investissant dans des programmes centrés sur les Arabes israéliens ou les ultra-orthodoxes, des communautés jusqu’ici marginalisées dans le secteur des hautes-technologies. Elle est aussi active, de l’autre côté du mur, à Ramallah.
SUR LE MÊME SUJET
Intel, le grand frère américain de la high-tech israélienne
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir