J'ai rencontré Superman, il dirige une start-up

Des débats sur la loi Travail - où le témoignage du chef d'entreprise vaut toutes les analyses - à la mythologie des start-up, l'entrepreneur est partout. Il sait, puisqu'il a fait. Un mythe que le magazine Socialter déconstruit dans son dernier numéro.

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J'ai rencontré Superman, il dirige une start-up
Avec son film mêlant culture geek et Marvels, Disney était-il à la pointe d'un mouvement plus profond ?

Elon Musk rhabillé façon Superman en couverture avec un titre qui claque "L'entrepreneur, super-héros de notre temps", telle est la couverture du numéro 15 de Socialter (février - mars 2016). L'accroche renvoie à un dossier assez complet d'une trentaine de pages sur la figure de l'entrepreneur et son succès.

Dans son analyse, Arthur de Grave soulève quelques jolis paradoxes, à commencer par le parallèle osé entre le super entrepreneur icône du capitalisme contemporain et le Stakhanov soviétique. Dans les deux cas, le même storytelling d'un homme seul, qui sort du lot pour le bonheur de tous. Au passage, on oublie que l'un comme l'autre n'a pas agit seul : Stakhanov s'était fait aider par tout une équipe. "Quand SpaceX, l'une des multiples sociétés fondées par Elon Musk, réussit l'exploit de ramener en décembre 2015 une fusée en un seul morceau sur Terre, il n'est pas déraisonnable de penser qu'une telle mission a dû mobiliser des centaines de personnes : ingénieurs, physiciens, ouvriers... Pourtant, les articles qui paraissent dans la foulée préfèrent se concentrer sur la personnalité du milliardaire sud-africain", note fort pertinemment le journaliste.

Probable que dans un moment de l'Histoire où les grandes explications collectives régressent et où l'individualisme triomphe, l'entrepreneur héroïsé remplit un vide.

Une méritocratie new look

Tous ceux qui ont été bercés par l'idée que les Français n'aiment pas l'entreprise constateront (avec joie ou effroi) que même la France est gagnée par cette mythologie. Arthur de Grave y voit, là encore avec un sens du paradoxe, un énième avatar de la méritocratie. "Alors que l'éducation ne parvient plus à jouer son rôle d'ascenseur social et que les inégalités patrimoniales héritées retrouvent des niveaux inégalées depuis un siècle, l'entrepreneur self-made man nous donne à voir au contraire le spectacle plaisant d'une richesse méritée."

La réalité est beaucoup plus contrastée, comme le montre le reste du dossier, qui rappelle notamment à quel point les start-up restent un monde de trentenaires masculins sortis des meilleurs écoles. Quand à Alice Zagury, cofondatrice de TheFamily, elle rappelle cette vérité loin des discours héroïques sur l'entrepreneur : "monter sa start-up c'est vivre plus de bas que de hauts".

Socialter numéro 15, février-mars 2016

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