L'Arabie Saoudite se livrerait à un usage autoritaire de Snapchat envers ses opposants politiques
Plusieurs témoignages de Saoudiens dépeignent la propension du gouvernement de Mohammed Ben Salman a contrôler sur Snapchat les voix critiques à son encontre.
Pour redorer son blason à l’international, l’Arabie Saoudite use de toutes sortes de moyens et stratégies liées au numérique. Dernièrement, le royaume du Golfe a été pointé du doigt par le quotidien britannique The Guardian qui décrit son usage politique particulièrement autoritaire et obscur de Snapchat.
Le réseau social, propriété de Meta, a en effet banni plusieurs influenceurs saoudiens domiciliés ou non dans le pays, après qu’ils ont critiqué le prince Mohammed Ben Salman. D’autres affirment avoir été inquiétés car ils ne publient pas suffisamment de contenus promouvant l’image de "MBS".
27 ans de prison pour un snap
En Arabie Saoudite, nul n’est libre de dire ce qu’il veut sur le régime via les réseaux sociaux. En juin, les médias d'État avaient d’ailleurs diffusé un avertissement selon lequel le fait d'"insulter" les autorités en utilisant des applications comme Snapchat constituait une infraction pénale.
Des associations de défense des droits de l’homme font état de plusieurs condamnations de ce genre. Suivi par près de deux millions de personnes, le journaliste et influenceur Mansour Al Raqiba a ainsi été arrêté en mai dernier après qu’il a dénoncé sur Snapchat un chantage en lien avec ses critiques du plan saoudien Vision 2030. L’homme a depuis été condamné à 27 ans de prison.
Plusieurs Saoudiens ont confié anonymement au Guardian qu’ils avaient été menacés de ne pas obtenir du gouvernement la licence nécessaire aux influenceurs qui veulent être rémunérés via leurs activités sur Snapchat.
250 millions d’investis de dollars en 2018
Un porte-parole de Snap, Inc. a assuré, sans répondre sur le cas précis de l’Arabie Saoudite, que l’entreprise restait "engagée à protéger la sécurité et l'expression des snapchatters dans le monde entier". Surtout, poursuit-il, la vérification des comptes et des contenus est opérée "par notre équipe mondiale et n'est influencée par aucun gouvernement".
Reste que la famille royale saoudienne s’est déjà rapprochée de Snapchat en 2018. Le prince Al Waleed bin Talal Al Saud avait alors investi 250 millions de dollars dans l’entreprise californienne, s’octroyant 2,3% de ses parts et saccageant durablement les promesses d’indépendance politique de la plateforme.
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