L’arrêt des décodeurs menace-t-il l’avenir de STMicroelectronics ?

STMicroelectronics a décidé d’arrêter tout développement pour les décodeurs et box internet.

Mais le groupe franco-italien restera présent dans les circuits numériques, comme les microcontrôleurs.

Cette activité suffira-t-elle à assurer son avenir technologique?

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L’arrêt des décodeurs menace-t-il l’avenir de STMicroelectronics ?
STmicroelectronics fabrication de composants electroniques a Rousset puces microprocesseurs en salle blanche
STMicroelectronics a décidé de sortir en douceur des décodeurs et box internet en arrêtant tout développement de nouveaux circuits standards pour ce marché. Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs ne quitte pas pour autant complètement le numérique. Il y reste présent à travers les Asic (circuits de traitement taillés sur mesure), les circuits compagnon de composants comme les capteurs, les imageurs ou les Mems, les mémoires embarqués, les éléments sécurisés et surtout les microcontrôleurs, les seuls produits du groupe en croissance.
40% du chiffre d'affaires total
"Le numérique est partout chez STMicroelectronics, martèle le PDG Carlo Bozotti. Il accompagne les composants de puissance dédiés à l’automobile, les imageurs, les capteurs, les Mems, etc." Les circuits numériques représentent un revenu de 2 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires total de 6,9 milliards de dollars en 2015, en baisse de 6,8% par rapport à 2014. En comptant les autres composants, qui associent une composante numérique, le chiffre du digital monte à 2,8 milliards de dollars, soit 40% du chiffre d’affaires total.
Les circuits pour décodeurs et passerelles télécoms pèsent peu dans l’activité de STMicroelectronics : à peine 210 millions de dollars de revenu en 2015. Mais ils constituent le dernier bastion de circuits numériques avancés à grand volume. Ils servaient jusqu’ici de locomotive technologique à l’ensemble des activités du groupe. "On a besoin de ces circuits avancés à grand volume pour développer les technologies tant en conception qu'en production, explique Guy Dubois, expert auprès de Decision, cabinet parisien d’études de marchés high-tech. Ces technologies se retrouvent quelques années plus tard dans des produits moins avancés comme les microcontrôleurs ou même les circuits analogiques."
L'avenir technologique de STMicroelectronics en danger ?
Depuis quelques années, STMicroelectronics ne cesse de se dégarnir dans les circuits numériques avancés. Petit à petit, le groupe est sorti des mémoires flash, des puces de téléviseurs, des modems cellulaires et des processeurs mobiles. C’est le tour maintenant des circuits de décodeurs et box internet. En se privant de son dernier bastion dans les circuits numériques avancés, STMicroelectronics met-il en danger son avenir technologique ? Les syndicats en sont convaincus. "Le digital travaillait jusqu’ici pour l’ensemble des produits du groupe, estime Eric Potard, délégué CFDT. Pour conserver le même niveau de maitrise technologique, il faudrait reporter son travail de développement sur les autres activités. Ce qui reviendrait plus cher et serait moins efficace."
Les spécialistes pointent les risques de perte d’indépendance technologique, avec ses conséquences sur la souveraineté en France et en Europe. "C’est sûr, quand vous ne maîtrisez plus vos technologies, vous devenez dépendant de fondeurs de semi-conducteurs, estime Guy Dubois. Vous êtes alors pieds et poings liés à eux. Vous ne pouvez plus innovez comme vous le voudriez. Et si un jour, pour des raisons géopolitiques, on vous coupe le robinet, vous êtes tout bonnement fichu." Voilà Carlo Bozotti prévenu.

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