L'Autorité de la concurrence alerte sur la place prise par les "bigtech" dans le secteur du paiement

Saisie pour avis le 13 janvier 2020, l'Autorité de la concurrence vient de rendre son enquête sectorielle sur les fintech. Elle relève différents points de vigilance en particulier à propos de la place prise par les grandes entreprises technologiques dans le secteur du paiement. En effet, grâce à leurs quasi-monopoles, elles sont en mesure de proposer des services financiers "gratuitement" grâce à la récolte de données sur leurs plateformes.

Partager
L'Autorité de la concurrence alerte sur la place prise par les

L'Autorité de la concurrence a rendu ce jeudi 29 avril un avis sur les fintech, ces start-up opérant dans le secteur bancaire et financier. "Ce secteur a été traversé par de très profondes évolutions qui affectaient la dynamique concurrentielle du marché", a déclaré Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité, lors de la présentation du rapport.

Un environnement propice
L'Autorité note que "l'innovation technologique" et "les changements apportés à la réglementation", tels que la directive DSP2 qui a instauré l'obligation double authentification pour tout paiement supérieur à 30 euros, ont permis l'arrivée des fintech. Ces dernières ont développé "aux côtés des acteurs bancaires traditionnels", des modes de paiement "novateurs" et de "nouveaux services diversifiés".

Le rapport indique que les acteurs bancaires traditionnels se sont adaptés à ce nouvel écosystème en investissant directement "via des prises de participation dans les fintech" afin d'internaliser certaines fonctions innovantes proposées par ces dernières". Récemment, la Banque Postale a par exemple signé un partenariat avec la fintech britannique Ebury pour proposer à ses clients PME une solution d'open banking pour les accompagner ans leurs activités internationales.

Les "bigtech" à surveiller
L'institution française note également l'arrivée des grandes entreprises technologiques sur le marché du paiement, avec Apple Pay, Google Pay et Amazon Pay notamment. Cette tendance doit être suivie de très près car "les acteurs de type plateforme disposent d'avantages considérables à faire valoir : ils contrôlent des écosystèmes s’appuyant sur de vastes communautés d’utilisateurs, ont accès à de vastes ensembles de données et ont la capacité technique de les mettre à profit", analyse-t-elle.

De plus, ces entreprises s'appuient parfois sur des acteurs bancaires. Ce qui leur permettent de retirer des "bénéfices significatifs" sans pour autant être soumises aux contraintes de la législation qui pèsent sur les acteurs traditionnels. Par ailleurs, elles font face à des "coûts marginaux" plus faibles que ceux des banques traditionnelles. Une situation qui renforce leur capacité à "offrir gratuitement" aux consommateurs leurs solutions de paiement.

Un risque de renforcement du pouvoir de marché
Par conséquent, l'Autorité alerte sur le risque de renforcement du pouvoir de marché de ces grandes entreprises. En effet, les données collectées à travers leurs services pourraient leur procurer "un avantage non négligeable" dans le secteur des paiements. Réciproquement, les données collectées via les services de paiement pourraient leur permettre de renforcer davantage l'attractivité de leurs plateformes.

De plus, l’ouverture ou la fermeture de l’accès effectif à l’antenne NFC des smartphones a "une véritable incidence" sur la capacité des acteurs ayant développé des solutions de paiement mobile sans contact reposant également sur cette technologique à pouvoir proposer leurs services sur les appareils équipés d’une telle antenne.

Les banques se plaignent d'Apple Pay
Cette problématique a été notamment mise en lumière par Apple Pay. En effet, cette application le point de passage obligé pour tirer parti de la fonctionnalité NFC de l'iPhone. En plus de son monopole, l'entreprise américaine facture une commission sur chaque transaction ainsi que sur chaque carte bancaire activée dans l'application portefeuille (Wallet). Cette situation déplaît fortement aux banques.

En décembre 2018, la Commission de la concurrence suisse (Comco) avait demandé à Apple de rectifier le tir vis-à-vis de l'application de paiement mobile par QR code Twint, lancée par quatre grandes banques suisses. Les appareils d'Apple sont configurés pour lancer automatiquement l'application Apple Pay lorsqu'ils sont à proximité d'un terminal de paiement sans contact, expliquait la Comco. Ce réglage pouvait interrompre un paiement en cours réalisé avec Twint. Apple s'était finalement engagé à "offrir une solution technique plus favorable pour la concurrence".

SUR LE MÊME SUJET

Sujets associés

NEWSLETTER L'Usine Digitale

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

ARTICLES LES PLUS LUS