L’autorité de la concurrence britannique met un coup de frein au rachat d'Activision Blizzard par Microsoft

Microsoft cherche à racheter Activision Blizzard, l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo au monde, pour pour 69 milliards de dollars. Mais l’autorité britannique de protection des consommateurs pourrait y mettre son veto, à en croire les premières conclusions de son enquête.

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L’autorité de la concurrence britannique met un coup de frein au rachat d'Activision Blizzard par Microsoft

L’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft rencontre de plus en plus de difficultés. La Competition and Markets Authority – l'autorité britannique de la concurrence – s’y oppose en l'état. Elle suggère à Microsoft un rachat d'une partie des activités seulement, suggérant par exemple qu'il n’inclut pas la série Call of Duty.

Cette dernière est jugée trop importante pour tomber dans l'escarcelle du géant américain, car elle défavoriserait ses compétiteurs, et en particulier Sony PlayStation. Le constructeur japonais s’y était fermement opposé, qualifiant cette opération de "menace pour l’industrie du jeu". Microsoft avait pourtant proposé des garanties, comme un engagement à continuer de publier la série sur PlayStation pendant au moins dix ans et un autre à faire sortir à nouveaux les jeux sur consoles Nintendo. Cela n'a pas suffit.

Des risques pour le marché des consoles et du cloud gaming

Le gendarme britannique de la concurrence a affirmé, dans une conclusion provisoire et après cinq mois à étudier la question, que cette fusion pourrait entraîner une "diminution importante de la concurrence dans le secteur des consoles de jeux", affaiblissant "l’importante rivalité entre Xbox et PlayStation". Même problématique dans le secteur du cloud gaming. La CMA, notant que Microsoft représente déjà 60 à 70% du marché mondial, craint que l'achat d'Activision ne "renforce cette position forte" et réduise considérablement la possibilité d'une concurrence future.

"Notre travail consiste à nous assurer que les joueurs ne sont pas pris dans le feu croisé d'accords mondiaux qui, au fil du temps, pourraient nuire à la concurrence, faire monter les prix, réduire les choix et les innovations. Cela pourrait être le cas avec ce rachat", a détaillé Martin Coleman, qui a présidé le groupe d'experts indépendants chargé de l'enquête.

La CMA a proposé des solutions qui pourraient permette l’acceptation de cette opération, notamment l'obligation pour Microsoft de scinder le groupe Activision Blizzard King et de n'en racheter qu'une partie des activités. Parmi celles-ci, comme évoqué plus haut : faire de la série Call of Duty une entité indépendante "capable d'exercer une concurrence efficace avec un nouveau propriétaire". Une proposition certainement mal accueillie par le géant américain, car c'est la licence la plus importante du groupe. Mais se séparer des activités Blizzard (World of Warcraft, Diablo, Overwatch) ou King (Candy Crush Saga) ne serait sans doute pas à son goût non plus.

Microsoft aurait proposé à Sony un accord de dix ans sur les jeux Call of Duty

"Notre engagement à accorder à long terme un accès 100% égal à Call of Duty à Sony, Nintendo, Steam et d'autres préserve les avantages de l'accord pour les joueurs et les développeurs et augmente la concurrence sur le marché" a assuré Rima Alaily, vice-présidente et avocate générale adjointe de Microsoft, au média Engadget.

Microsoft a maintenant jusqu'au 22 février pour répondre aux préoccupations de la CMA et proposer des solutions, cette dernière les examinera et rendra son rapport final le 26 avril. Mais même s'il trouve un compromis, il ne sera pas sorti d'affaire. Ce projet de rachat fait l'objet d'enquêtes dans le monde entier. La Commission fédérale du commerce des États-Unis (FTC) a également intenté une action en justice pour tenter de le bloquer, et la Commission européenne a ouvert une "enquête approfondie" sur l'opération et elle doit communiquer ses objections le 11 avril prochain.

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