L'avenir de TikTok de plus en plus incertain après l'audition de son patron au Congrès américain
Le patron de TikTok a été mis en difficulté par des élus américains. L'application de courtes vidéos est toujours menacée d'une interdiction.
C’était peut-être l’audition de la dernière chance pour TikTok, menacé d’une vente forcée voire d’une interdiction aux Etats-Unis. Elle ne s’est pas déroulée comme espéré par le réseau social chinois. Face à des parlementaires souvent tranchants et parfois hostiles, son patron Shou Zi Chew a bien répété que l’application de courtes vidéos n’était pas liée au gouvernement chinois. Mais sans vraiment convaincre.
"Rien de ce que vous avez dit jusqu’à présent ne m’a rassurée. Je pense même que votre témoignage a soulevé plus de questions que de réponses”, a ainsi lancé l'élue Lisa Blunt Rochester, une démocrate du Delaware. “Après cette audition, il n’y a plus aucun doute que TikTok représente une menace pour la sécurité nationale”, renchérit le sénateur républicain Marco Rubio.
Shou Zi Chew a été mis en difficulté à plusieurs reprises. Par exemple, lorsqu’un parlementaire lui a demandé si les employés de ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, pouvaient accéder aux données des utilisateurs américains. Ou encore lorsqu’il a été interrogé sur l’espionnage présumé de plusieurs journalistes américains.
Négociations dans l'impasse
Le déroulement de cette audition n’augure rien de bon pour TikTok. “On peut parler de désastre”, souligne Dan Ives, analyste chez Wedbush, qui prédit une nouvelle vague d’appels à l’interdiction de TikTok aux Etats-Unis. Surtout, l’audition a démontré la très forte opposition des élus américains des deux camps politiques, alors qu’un projet de loi est en discussion pour permettre au gouvernement de bannir des technologies étrangères.
Face aux inquiétudes, TikTok continue de mettre en avant le projet Texas. Celui-ci prévoit notamment l’hébergement des données des utilisateurs américains aux États-Unis dans le cloud d’Oracle et des audits indépendants sur l’algorithme de recommandations. Les négociations avec l’administration américaine sont cependant au point mort depuis plusieurs mois.
La Chine s'oppose à une vente
Selon la presse américaine, l’administration Biden aurait prévenu TikTok qu’elle allait exiger une vente de l’application, faute de quoi elle serait bannie aux États-Unis. Mais cette hypothèse a d’ores et déjà été écartée par Pékin, qui en vertu de sa législation doit fournir un feu vert pour la vente de certaines technologies chinoises à des groupes étrangers.
Il ne resterait alors plus qu’une solution: l’interdiction pure et simple. Une mesure qui serait probablement contestée devant la justice américaine, en particulier au nom du respect de la liberté d’expression prévu dans le premier amendement de la Constitution américaine. Et une mesure qu’il faudrait assumer politiquement. “Nous perdrions le vote des moins de 35 ans”, prévient Gina Raimondo, la secrétaire au Commerce.