L’éditeur de jeux mobiles Voodoo sanctionné par la Cnil d'une amende de 3 millions d’euros
La CNIL a sanctionné l’éditeur de jeux pour smartphone Voodoo d’une amende de trois millions d’euros pour avoir utilisé les données de ses utilisateurs à des fins publicitaires, malgré leur refus. L’entreprise a trois mois pour redemander - et respecter - ce consentement aux joueurs.
La formation restreinte de la Cnil, soit l’organe chargé de prononcer les sanctions, a sanctionné l’entreprise Voodoo d’une amende de trois millions d’euros. La Cnil reproche à l’éditeur de jeux pour smartphone son utilisation à des fins publicitaires d’un identifiant technique donné par l’App Store à tout éditeur d’application, "l’IDentifier For Vendors" (IDFV), en dépit de l’absence de consentement des joueurs.
La CNIL a constaté que "lorsqu’un utilisateur exprime son refus de faire l’objet d’un suivi publicitaire, la société Voodoo lit tout de même l’identifiant technique associé à cet utilisateur (l’IDFV) et traite toujours des informations en lien avec ses habitudes de navigation pour des objectifs publicitaires, donc sans son consentement et en contradiction avec ce qu’elle lui indique dans l’écran d’information qu’elle affiche", écrit-elle dans un communiqué. Ce qui constitue un manquement à l’article 82 de la loi Informatique et Libertés.
Voodoo désormais obligé de recueillir le consentement des joueurs
Les contrôles ont été effectués entre août 2021 et juillet 2022, uniquement sur des iPhone, sur Voodoo.io et sur différentes applications mobiles de l'éditeur, telles que le jeu Helix Jump. L’IDFV attribué par Apple permet à un éditeur de suivre l’utilisation faite de ses applications, comme les habitudes de navigation ou les jeux préférés, afin de personnaliser les annonces publicitaires. Chaque utilisateur dispose d’un IDFV unique, et celui-ci reste identique pour toutes les applications distribuées par un même éditeur.
Toutefois, une fenêtre conçue par Apple à l’ouverture de chaque application de jeux sur iPhone sert à recueillir le consentement de l’utilisateur au suivi de ses activités sur les applications téléchargées sur son téléphone. Si l’utilisateur refuse, "une seconde fenêtre est présentée par la société Voodoo indiquant que le suivi publicitaire a été désactivé tout en précisant que des publicités non-personnalisées seront tout de même proposées", précise la Cnil.
L’organisme justifie le montant de son amende "par le nombre de personnes concernées, par les avantages financiers obtenus du fait du manquement et par le chiffre d’affaires réalisé par la société en 2020 et 2021." Voodoo a également été sanctionnée sous la forme d’une injonction sous astreinte, obligeant l'éditeur à recueillir le consentement du joueur à l’utilisation de l’IDFV à des fins publicitaires "dans un délai de 3 mois à compter de la notification de la décision". Dans le cas contraire, l’entreprise pourra être amenée à payer 20 000 euros d’astreinte par jour de retard.