L’Etat appelé à montrer l’exemple par le plan cloud computing
Parmi les dix propositions d’actions du plan industriel sur le cloud computing, l’Etat est invité à donner l’exemple en adoptant massivement l’informatique en nuage. Une manière de générer des économies, de créer un climat de confiance sur le marché et d’entraîner dans son sillage les entreprises.
Ridha Loukil
"C’est sans doute l’un des plans les plus stratégiques de 34 plans de la Nouvelle France industrielle". C’est ce qu'Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique a déclaré à l’issue de la présentation, le 4 juin 2014, par Octave Klaba, le directeur général d’OVH, du plan industriel sur le cloud computing élaboré avec Thierry Breton, PDG d’Atos. La feuille de route du plan a été immédiatement validée par le gouvernement.
Dix propositions d’actions sont sur la table. Pour Alban Schmutz, Vice-président sénior chez OVH, en charge du dossier pour le compte d’Octave Klaba, la plus importante concerne le rôle des pouvoirs publics en tant que prescripteurs. L’Etat est invité à donner l’exemple en adoptant massivement l’informatique en nuage, non seulement dans les administrations centrales mais aussi dans les agences gouvernementales. "C’est un gage de confiance, indispensable au développement de la demande, martèle Alban Schmutz. L’engagement de l’Etat aura un effet d’entraînement important non seulement sur les collectivités locales, mais aussi sur les PME qui hésitent beaucoup à franchir le pas."
Opter cloud systématiquent, sauf bonne raison
Les finances publiques ont à tout à y gagner. L’adoption du cloud pourrait générer une économie de 800 millions d’euros par an, rien qu’au titre de la rationalisation des datacenters de l’Etat. Auxquels s’ajoutent des gains non négligeables sur les frais de personnel. "Au total, l’Etat pourrait économiser plus de 1 milliard d’euros par an sur ses dépenses informatiques ", estime Alban Schmutz. Un gain potentiel de même ordre existe dans les collectivités locales. Ces économies se doubleraient de recettes fiscales supplémentaires de 1 à 1,5 milliard d’euros par an dues à l’implantation de nouveaux datacenters en France. Au total, le gain dépasserait les 3 milliards d’euros par an pour les finances publiques, selon le dirigeant d’OVH.
Le rapport propose d’instaurer l’obligation dans les achats publics de privilégier systématiquement les services de cloud computing, sinon de justifier le choix de solutions informatiques traditionnelles, comme cela se fait en Italie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou en Inde. Ceci impose d’introduire de la souplesse dans les budgets publics où aujourd’hui les dépenses d’investissement et les dépenses de fonctionnement sont rigoureusement compartimentés. Or si l’informatique traditionnelle relève de l’investissement, le cloud computing s’inscrit dans des dépenses de fonctionnement.
Pour une plate-forme d’apps administratives
L’une des mesures recommandées est la création d’un directeur informatique dont le rôle est de piloter les budgets informatiques des administrations et de mettre en ligne une boutique d’applications à la disposition des collectivités locales qu’elles pourront utiliser à la demande. Il est également suggéré de modifier la politique de TVA à l’égard des services de cloud computing en l’alignant sur celle touchant les investissements. Aujourd’hui, les collectivités locales récupèrent la TVA sur les investissements informatiques, mais pas sur les achats de services cloud. Selon Alban Schmutz, le décret de modification serait prêt à Bercy. Il devrait être publié dans les semaines à venir.
Les autres mesures proposées sont : la mise en place d’un label de confiance pour les services de cloud en France, la création d’un dispositif d’aide aux entreprises dans leur migration vers le nuage, l'accompagnement des éditeurs de logiciels dans leur transition vers le modèle de service en ligne, le développement du cloud à usage personnel, le soutien à l’innovation, la construction d’un espace de confiance à l’échelle européenne, et l'amélioration de l’attractivité de la France pour l’implantation de datacenters de fournisseurs étrangers.
Les dix propositions vont être détaillées au sein de groupes de travail. Quatre groupes ont déjà démarré leurs travaux : celui sur la création de label sous l’égide de l’Anssi, l’agence française de cyberdéfence, celui sur la mise en place d’un espace de confiance au niveau européen sous la houlette de SAP et Atos, celui sur le cloud à usage personnel sous l’égide de JoliCloud, et celui sur l’accompagnement des éditeurs de logiciels sous l’égide d’OVH. Les autres groupes devraient être mis en place d’ici fin juin 2014. Le prochain bilan d’étape du plan est prévu pour septembre 2014.
Ridha Loukil
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