L’Etat s’ouvre davantage aux logiciels open source
Avec le nouveau socle interministériel de logiciels libres, l’Etat confirme sa volonté d’accroiîre l’utilisation de l’open source dans ses services. Au menu : non seulement les postes de travail, mais aussi les serveurs, les bases de données et les outils de développement.
Après le discours, les actes. Avec la publication du nouveau Socle interministériel de logiciels libres (SILL), l’Etat s’ouvre davantage à l’utilisation de solutions open source dans ses services. Ce guide, qui dresse une liste de logiciels libres de référence recommandés pour les services publics, vise depuis 2013 à harmoniser l’emploi de l’open source dans les ministères, les collectivités locales, les agences gouvernementales et les autres administrations. Il est révisé chaque année pour tenir compte de l’évolution des besoins des administrations et de l’offre sur le marché.
Certes, la version 2015 réserve peu de changement par rapport à celle de l’année dernière. "Mais elle marque un tournant dans l’organisation derrière, estime Jean-Paul Argudo, directeur général et fondateur de Dalibo. Avant, on était compartimenté par type de produits : serveurs, systèmes d’exploitation, bases de données, etc. Maintenant, tout le monde est réuni avec l’objectif de favoriser les échanges et la concertation."
Pour le dirigeant de Dalibo, une société de 15 personnes spécialisée dans les services autour des bases de données open source de type PostgreSQL, cette édition confirme aussi la volonté de l’Etat de favoriser l’open source dans ses services, conformément à la circulaire de Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, adressée aux différents ministères en septembre 2012. "Les SILL précédents se sont attachés à promouvoir les logiciels libres surtout sur le poste de travail, avec des solutions comme Linux pour le système d’exploitation, LibreOffice pour les applications bureautiques ou Firefox pour la navigation web, détaille-t-il. Maintenant l’objectif est d’étendre la démarche à l’infrastructure de serveurs, bases de données et environnements de développement. Avec la promesse d’économies 10 à 20 fois supérieures à celles générées sur le poste de travail par le passage à l’open source."
indépendance technologique
Avec les révélations fracassantes sur les activités de cyberespionnage de la NSA, l’agence nationale américaine de sécurité, avec le concours présumé de groupes yankees comme Google, Yahoo !, Facebook ou Microsoft, la sécurité des données devient un critère important dans les achats publics. "L’open source répond à cette préoccupation, car il garantit l’indépendance technologique, tranche Jean-Paul Argudo. Il offre en plus l’avantage de favoriser le tissu industriel national."
Selon Florent Zara, président de l’édition 2014 de l’Open World Forum, l’open source représente 400 entreprises en France et près de 4 milliards d’euros de chiffres d’affaires. L’Etat a un rôle d’entrainement important à jouer dans le secteur, en servant de modèle aux entreprises. Car si le secteur public représente aujourd’hui le plus grand utilisateur, c’est dans les entreprises que se trouve le plus grand potentiel de croissance de l’open source.
Si l’infrastructure constitue le prochain terrain de conquête pour l’open source dans les services de l’Etat, les obstacles sont plus nombreux que pour le poste de travail. "Le passage au libre est compliqué, car les alternatives disponibles sont très nombreuses et les résistances très fortes, reconnaît Jean-Paul Argudo. Pas facile de convertir des gens habitués pendant longtemps à des solutions propriétaires de Microsoft, IBM ou Oracle. Nous avons un grand de travail de désintoxication à faire pour les libérer de cette dépendance." L’open source a peut-être gagné le poste de travail. Mais dans les serveurs et bases de données, c’est une autre paire de manches.
Ridha Loukil
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