L'Europe demande à Twitter d'embaucher davantage de modérateurs

Le réseau à l'oiseau bleu est aussi dans le collimateur de la Federal Trade Commission américaine, qui cherche à savoir s'il a enfreint les règles sur la protection des données personnelles.

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L'Europe demande à Twitter d'embaucher davantage de modérateurs

Bruxelles rappelle Twitter à ses obligations. Selon le Financial Times, l’exécutif européen a demandé au réseau à l’oiseau bleu de recruter davantage de modérateurs et de fact-checkers, pour lutter contre les messages illégaux et la désinformation.

Cette demande intervient quelques mois avant l’entrée en vigueur du Digital Services Act, une nouvelle réglementation européenne qui va imposer des règles très strictes en matière de modération des contenus. Et qui prévoit des amendes pouvant atteindre jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial. Twitter fait partie des 18 “très grandes” plateformes, comptant plus de 45 millions d'utilisateurs actifs sur le continent, qui seront concernées en premier.

Modérateurs remplacés par l’intelligence artificielle

Depuis son rachat par Elon Musk en octobre pour 44 milliards de dollars, Twitter s’est lancé dans une chasse aux coûts. En moins de cinq mois, ses effectifs ont ainsi été divisés par trois. Les équipes de modération, internes et externes, ont fortement été touchées par cette restructuration, en particulier en dehors des États-Unis.

Dans le même temps, le patron de Tesla a adouci les règles de modération, qu’ils jugeaient contraires à la liberté d’expression. Il a également rétabli le compte de Donald Trump, suspendu depuis deux ans suite à l’invasion du Capitole américain par ses partisans. Et décrété une amnistie générale sur les comptes bannis par la précédente direction, notamment certaines figures de l'extrême droite.

Pour compenser les licenciements dans ses équipes de modération, Twitter mise sur une utilisation beaucoup plus poussée de l’intelligence artificielle, capable d’identifier et supprimer les messages problématiques. Les modérateurs humains n'interviennent plus qu’en dernier recours. Face à la désinformation, le réseau ne se repose plus sur des équipes de fact-checking mais sur des “notes de la communauté”, présentes sous les messages mensongers.

Rapport incomplet

Cette nouvelle manière de fonctionner inquiète les régulateurs européens depuis plusieurs mois. En janvier, Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur, avait déjà demandé des recrutements lors d’un entretien téléphonique avec Elon Musk. Bruxelles craint par ailleurs que le modèle de “notes” soit trop limité pour être véritablement efficace, faute d’un nombre suffisant de volontaires, en particulier pour certaines langues.

En février, Twitter avait également suscité la colère des responsables européens, en envoyant un rapport incomplet sur sa politique de lutte contre la désinformation. Celui-ci ne contenait pas toutes les données demandées et ne précisait pas les mesures mises en place pour limiter la diffusion de fausses informations sur la plateforme. “J’attends un engagement plus sérieux vis-à-vis de leurs obligations”, regrettait alors Vera Jourová, la vice-présidente de la Commission européenne.

Enquêtes aux Etats-Unis

Pour Twitter, les ennuis pourraient aussi s'accumuler de l’autre côté de l'Atlantique. Ces dernières semaines, la Federal Trade Commission a envoyé plus d’une dizaine de courriers à l’entreprise. Le régulateur souhaite s'assurer du bon respect d’un accord à l’amiable conclu en 2011 et élargi en mai 2022, qui impose des contraintes supplémentaires pour protéger les données des utilisateurs.

Les courriers de la FTC portent notamment sur la refonte de l’abonnement payant Blue et sur les “Twitter Files”, une série de messages sur la politique de modération de l’ancienne direction, publiée par des journalistes ayant eu accès aux archives de la société. Elon Musk, que la FTC aimerait auditionner, dénonce un “cas honteux de l'utilisation d’une agence gouvernementale à des fins politiques”.

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