L'Europe donne le coup d'envoi à son offre d'Internet par satellite
Les instances européennes se sont mises d'accord sur un projet d'Internet par satellite. La constellation Iris2 doit venir concurrencer l'offre de Starlink afin de proposer à partir de 2024 une infrastructure de communication sécurisée aux gouvernements.
L'initiative européenne en faveur d'une connectivité spatiale sécurisée prend forme. Les instances européennes (Conseil, Commission et Parlement) se sont mises d'accord jeudi 17 novembre 2022 pour le déploiement d'Iris2, une constellation de satellites qui vise à offrir une connectivité à toute l'Europe et à l'Afrique. "Un grand pas pour notre résilience et un pas de géant pour notre souveraineté technologique", a salué Thierry Breton, commissaire au marché intérieur sur Twitter. Le réseau doit être actif à partir de 2024.
Un budget de 6 milliards d'euros au global
Après Galileo et Copernicus, pour le positionnement par satellite et l'observation de la Terre, l'Union européenne se dote d'une troisième constellation. Elle est baptisée Iris2 pour Infrastructure de Résilience et d'Interconnexion Sécurisée par Satellites de l'Europe. Afin de réduire les risques de congestion spatiale, "Iris2 sera une constellation multi-orbites capable de créer des synergies avec nos constellations existantes Galileo et Copernicus", ajoute Thierry Breton.
Comme prévu initialement, ce projet est doté d'une enveloppe de 2,4 milliards d'euros provenant du budget de l'UE à laquelle s'ajouteront une contribution de l'agence spatiale européenne (ESA) et des investissements privés pour un coût estimé global de 6 milliards d'euros.
Cette constellation doit servir en premier lieu à fournir une infrastructure de communication sécurisée aux services gouvernementaux, notamment pour des applications de défense, aux agences l'UE, aux services de secours et aux délégations européennes à travers le monde. Des entreprises privées pourront proposer aux citoyens, aux entreprises et aux organes publics d'accéder à ce réseau de communication, même dans des zones éloignées et non connectées. Côté utilisateurs gouvernementaux, cette connectivité à Internet par satellite soutiendra la protection des infrastructures critiques, la surveillance, les actions extérieures et la gestion des crises. Mais les débouchés sont multiples : Internet des objets, véhicule autonome, éducation, santé, connectivité en vol et en mer, etc.
30% de l'infrastructure faite des start-up
Les acteurs assurent que cette constellation sera souveraine ce qui implique "des critères d'éligibilité et des exigences de sécurité très stricts", rappelle Thierry Breton. Les partenaires souhaitent que 30% de l'infrastructure soit faite par des start-up. Une aubaine pour les pépites qui pourront mettre en avant leur savoir-faire aux côtés de grands groupes industriels.
Ce système de télécommunication spatiale sécurisé se veut à la pointe de la technologie. Le réseau prendra en compte les dernières technologies et pourra intégrer l'infrastructure spatiale européenne de communication quantique EuroQCI afin de permettre la transmission sécurisée de clés cryptographiques. D'autres innovations pourraient également être poussées autour de ce projet.
Un enjeu de souveraineté numérique
Ce projet a été initié en décembre 2020 : un consortium d'entreprises, dont font partie Airbus Space et Arianespace, est alors chargé d'étudier sa faisabilité. Un sujet qui semble essentiel pour la souveraineté numérique de l'UE. Des méga-constellations, en cours de déploiement, sont déjà soutenues par les Etats-Unis, la Chine et la Russie. L'Europe doit se doter de sa propre technologie pour répondre aux besoins d'hyper-connectivité et la nécessité d'avoir une connectivité sécurisée. Et surtout ne pas être dépendante d'acteurs étrangers dans ce domaine. D'autant plus dans un contexte où les enjeux de cybersécurité deviennent essentiels, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine.
Starlink, de SpaceX, a déjà pris pas mal d'avance concernant le déploiement et la mise en service d'une telle offre. Amazon s'est également lancé dans un projet similaire, mais son projet avance plus lentement. Plus récemment, Boeing a également annoncé vouloir concurrencer SpaceX et Amazon avec sa propre constellation de satellites pour Internet. La course est lancée.
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