L'Europe encore loin derrière les Etats-Unis pour les réseaux 4G
Une étude Navigant Economics et GSMA montre que l'écart entre les Etats-Unis et l'Europe pour la 4G s'est creusé : 19% de connexions 4G aux Etats-Unis contre moins de 2% en Europe. Les Européens consomment moins de données, et la structure européenne des télécoms bloque un déploiement harmonieux de la 4G.
En Europe, le débat autour de la 4G prend de l'ampleur. D'une part, la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, a accusé Etats et opérateurs nationaux lors du Congrès de Barcelone sur le mobile, en février, de freiner la 4G. D'autre part, les opérateurs européens plaident auprès de la Commission européenne pour alléger les réglementations et favoriser les alliances. L'étude en question est d'ailleurs fournie par une association d'opérateurs, et sa conclusion est sans surprise que la fragmentation du marché européen est à l'origine du retard dans la 4G.
Mais les faits sont là: 19% de connexions 4G aux Etats-Unis, contre moins de 2% en Europe. Ainsi, l'Europe consomme largement moins de données et de minutes, avec un trafic moyen par connexion mobile de 415 Mo en Europe contre 810 Mo aux US.
La Suède, la Finlande et l'Allemagne seraient en tête du classement européen. Pourtant, à titre de comparaison, un rapport du think tank Idate montre qu'en 2012 les Etats-Unis comptaient 13 millions d'abonnés 4G (principalement grâce a l'opérateur Verizon), la Corée du Sud 7,5 millions, et la Suède seulement 300 000. Les Européens doivent certes faire face à une plus forte concurrence. C'est bien ce que les opérateurs essayent de changer, comme l'avait expliqué en janvier Stephane Richard, PDG d'Orange : "il faudra un jour s'attaquer à l'Europe des télécoms, faire disparaître les frontières donc les régulateurs" avait-il dit lorsque le FT avait mentionné la création d'un réseau pan-européen de télécoms.
Mais la fragmentation du marché est aussi due au fait que certains Etats ignorent les recommandations européennes et redoublent de précautions inutiles, estime Neelie Kroes. Bref, un dialogue de sourd dont la conséquence est le lourd retard pris par rapport aux Etats-Unis notamment en matière de connexion haut débit. D'ailleurs, Cisco prédit que les Américains utiliseront plus le web sur leur mobile, et avec plus de rapidité (l'un pouvant expliquer l'autre) : le débit sur mobile devrait atteindre 16Mbps en 2017 aux Etats-Unis contre 7Mbps en Europe. En tous cas, l'Europe a prévu de dépenser 50 millions d'euros d'ici à 2020 pour développer les réseaux nouvelle génération 5G. Mais sans décisions politiques, cet influx d'argent a peu de chance de résoudre le problème de fond.
Nora Poggi
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