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L'Europe ne fait rien pour soutenir la production dans les semi-conducteurs, s'indigne la profession
Obnubilé seulement par la concurrence, la Commission européenne encadre strictement les aides publiques à la production de semi-conducteurs quand elle ne les interdit pas. Résultat : l’Europe voit des projets d’usines de puces électroniques filer en Asie, en Israël ou aux Etats-Unis, explique Gérard Matheron, président de l’Acsiel, syndicat professionnel des composants électroniques en France.
Depuis un an, Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission européenne, en charge du numérique, affiche de grandes ambitions pour l’électronique européenne. Elle veut voir la production de puces électroniques en Europe doubler d’ici 2020. Rien de moins ! "Le problème c’est qu’elle ne fait rien en faveur de la production et ne peut aujourd’hui rien faire", se plaint Gérard Matheron, président de l’Acsiel, le nouveau syndicat professionnel des composants électroniques en France.
La Commission européenne est prisonnière des règles communautaires créées pour éviter de fausser la concurrence intra-européenne. "Nous avons de bons dispositifs d’aides en R&D, à travers le programme Catrene ou l’initiative technologique conjointe Ecsel, mais rien en production, regrette Gérard Matheron. Ces règles encadrent strictement les subventions publiques à la production quand elles ne les interdisent pas. Nous avons besoin de les assouplir si nous voulons lutter à armes égales avec nos concurrents asiatiques ou américains."
Surenchère d’aides... Ailleurs
Car des pays comme Taïwan, Singapour, la Corée du Sud, le Japon, la Chine, Israël et même les Etats-Unis ne se privent pas de soutenir l’implantation d’usines de semi-conducteurs sur leurs territoires. "Certains Etats subventionnent jusqu’à 100% de l’investissement nécessaire, et personne en Europe ne pense les attaquer devant l’OMC, l’organisation mondiale du commerce", constate le patron de l’Acsiel.
Ces pays se livrent à une surenchère d’aide pour attirer chez eux les projets d’implantation d’usines. Conséquence de sa politique restrictive en matière de subvention à la production, l’Europe voit filer des projets en Asie ou aux Etats-Unis. Pour l’implantation de sa seconde usine, le fondeur américain GlobalFourdries a fait jouer la concurrence entre Dresde, en Allemagne, et New York. La Commission européenne a plafonné la subvention des autorités allemandes à 13% de l’investissement de 4,2 milliards de dollars nécessaire. L’Etat de New York a fait mieux : 25%. Sans surprise, GlobalFoundries a choisi New York. L’Europe a perdu ainsi l’occasion de créer 1700 emplois directs. L'usine est entrée en service en 2012. La position de Bruxelles se comprend d’autant moins que ce fondeur ne menace aucunement l’équilibre de la concurrence intra-européenne. On a affaire à un sous-traitant, fabricant des puces sur les plans de ses clients. Sa présence en Europe aurait été un grand renfort pour l’industrie micro-électronique européenne en offrant aux acteurs locaux une source de fonderie de proximité.
Des occasions manquées
Aujourd’hui, l’Europe dispose de quatre usines parmi les plus avancées fabriquant des puces sur des tranches de 300 millimètres (mm) : chez STMicroelectronics à Crolles, chez Infinieon à Dresde, chez GlabalFoundries à Dresde, et Chez Intel à Dublin. La prochaine génération d’usine, attendue en production de volume entre 2017 et 2020, s’appuie sur des tranches de 450 mm. Problème ? Elle coûte la bagatelle de 6 à 10 milliards de dollars. Aucun des trois champions européens – STMicroelectronics, Infineon et NXP – ne peut se la payer. En revanche, Intel et GlobalFoundries font partie des quatre acteurs dans le monde capables de le faire. Dans un rapport remis à la Commission européenne en 2012, le cabinet Decision propose de les encourager, par des aides financières, à le faire en Europe. Ainsi, l’industrie européenne bénéficierait d’une base de production avancée, indispensable pour maintenir la compétitivité de ses équipementiers et fournisseurs. Le rapport suggère aussi d’associer les trois champions européens au projet pour qu’ils accèdent à une source de production à la pointe pour leurs circuits numériques.
C’est mal parti. Intel est en train de céder aux sirènes de l’Etat d’Israël, prêt à lui donner 1 milliard de dollars, pour créer une usine de 450 mm sur son territoire. Il a déposé auprès des autorités israéliennes son projet d’investissement de 6 milliards de dollars. Encore une fois, l’Europe aura manqué l’occasion de disposer sur son sol d’une usine de semi-conducteurs dernier cri. Tout cela à cause de ses règles de la concurrence, jugées en l’espèce absurdes par Gérard Matheron. Ces règles ont été édictées par les Etats membres. Seuls les Etats membres peuvent les changer.
Ridha Loukil
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