"Mon objectif est de rendre Watson accessible à tous en France". Tel est le message martelé par Nicolas Sekkaki, le nouveau PDG d’
IBM France, en ouverture de la deuxième édition de BusinessConnect, l’évènement qui a réuni, le 22 septembre 2015, au Carrousel du Louvre à Paris, quelque 1200 clients et partenaires d’IBM en France.
Réseaux de neurones et apprentissage statistique
Watson désigne le projet d’informatique cognitive (ou d’intelligence artificielle) d’IBM. Basé sur la puissance de stockage et de traitement dans le cloud, le système vise à assister médecins, juristes, conseillers ou agents de centre d’appels en leur apportant des réponses à des questions posés en langage naturel. "C’est plus qu’un moteur de recherche, explique Nicolas Sekkaki. C’est aussi un moteur cognitif qui fonctionne sur le modèle du cerveau humain par réseaux de neurones et apprentissage statistique pour fournir des réponses les plus pertinentes."
IBM fait de ce projet une priorité stratégique. Début 2014, le groupe a créé une division dédiée à Watson. A la clé, un investissement de 1 milliard de dollars. Objectif: générer un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars en 2024. Cette division autonome fonctionne comme une start-up avec 2000 personnes dans le monde.
Boursorama intéressé mais...
Watson s’inscrit au cœur de la stratégie d’IBM en matière de big data et d’analytique, l’un des cinq piliers de la transformation digitale aux cotés des réseaux sociaux, du cloud computing, de la mobilité et de la cyber sécurité. En témoigne Watson Analytics, le service d’analytique en ligne lancé en septembre 2014. Mais son usage reste limité par le fait qu’il n’est disponible aujourd’hui qu’en anglais.
Marie Cheval, PDG de Boursorama, se montre intéressée. "Watson ouvre un champ de développement incroyable dans notre métier de banquier, observe-t-elle. Il pourrait être utilisé comme appui aux téléconseillers dans la vente de produits et services, ou comme outil de détection en temps réel de la fraude. Encore faut-il qu’il soit disponible en français."
Francisation plus compliquée que prévue
C’est la tâche à laquelle s’attelle IBM. Le français fait partie des quatre langues prioritaires aux cotés de l’anglais, de l’espagnol et du japonais. Alain Benichou, l’ancien PDG d’IBM France, promettait le français pour 2015. Ce sera finalement au courant de 2016 à en croire Nicolas Sekkaki, qui lui a succédé en juillet 2015. "La francisation de Watson est une tâche compliquée, justifie-t-il. C’est plus qu’une simple traduction. C’est tout le moteur cognitif qu’il faut adapter. Pour cela, nous avons besoin de cas d‘usage concrets en France."
IBM France travaille déjà sur une dizaine de cas d’usage dans la banque, la santé, la règlementation ou les centres d‘appels. Parmi les partenaires figurent la banque en ligne Boursorama, l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, et des start-up. Pour les plus grands projets, l’investissement du client atteint plusieurs millions d’euros.
Un français à la tête des recherches sur Watson
Nicolas Sekkaki se montre fier de la contribution d‘IBM France au projet Watson. "Nous sommes favorisés par l’excellence de l’école française de mathématiques. Au delà de l’équipe d’une dizaine de personnes - data scientists, technologues, commerciaux - mobilisée en France sur le sujet, de nombreux français participent au projet au niveau global." C’est le cas de Jérôme Pesanti. Ce spécialiste français de l’intelligence artificielle dirige depuis 2012 toute la recherche d’IBM sur Watson.