L'Internet des objets, un tremplin incontournable pour les entreprises

Pour la première fois, L'Oréal et Adidas seront présents au prochain Consumer Electronic Show, la grand-messe de l'électronique grand public qui se tient chaque année, en janvier, à Las Vegas. A l'occasion du Congrès Objets connectés organisé ce 10 décembre par L'Usine Digitale, le fondateur de Livosphere Dimitri Carbonnelle, expert sur ce sujet, revient sur la révolution de l'Internet des objets qui bouleverse déjà les entreprises, numériques comme traditionnelles. 

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L'Internet des objets, un tremplin incontournable pour les entreprises

L’Internet des objets est la clé de voûte d’une profonde mutation, où la vente de produits cède le pas face à la vente de services, où l’usage prime sur la propriété. Dès lorsqu’un objet devient connecté, il peut apporter un service grâce aux données collectées et reçues de l’extérieur.

Déjà, aujourd’hui, nous abandonnons notre voiture au garage et préférons Autolib car nous ne voulons plus perdre de temps à chercher une place de stationnement ou payer un parking. Les générations Z se demandent même s’il est utile de passer le permis car BlaBlaCar, Uber et Chauffeur-privé leur évitent de s’en soucier. Pourquoi acheter une voiture si un service nous propose de voyager de manière plus sûre, confortable, distrayante à un moindre coût ? Cela peut s’appliquer pour n’importe quel objet. Que préférez-vous ? Acheter un radiateur rapidement obsolète ou un service qui vous permet de chauffer votre logement à la température optimale en terme de confort et de consommation d'énergie, acheter un réfrigérateur ou un service qui permet de conserver ses aliments, de nous alerter avant qu’ils soient périmés, de les recommander et de nous aider à préparer nos repas sainement...

vendre ses produits ou commencer à vendre des services sur la base des produits

L’Internet des Objets collecte et restitue les données nécessaires pour qu’un produit rende service. L’évolution est progressive mais inéluctable car les services accroissent fortement le taux et le coût d’utilisation des produits en multipliant les utilisateurs et réduisent le gaspillage comme le montre le succès grandissant de l'économie collaborative. Nous n’avons plus les moyens de produire des biens pour une unique personne qui l’utilise de temps en temps.

Pour rendre ces services, il faut identifier, géolocaliser, "scorer", connaître les utilisateurs actuels et futurs, déterminer la localisation, l’état, l’usage des produits… et restituer ces informations. Pour capter ces données et agir, il faut connecter les produits.

Face à ces bouleversements, les entreprises font face à un choix cornélien : soit continuer à vendre leurs produits, soit commencer à vendre des services sur la base de leur produits. Dans le premier cas, elles risquent de perdre le contact direct avec leurs clients finaux et de vendre à des sociétés de services qui capteront directement la valeur du client et ses données. Dans le deuxième, elles devront apprendre à vendre des services qui dépassent largement leur périmètre actuel et à travailler avec leurs concurrents et des entreprises hors de leur champ usuel.

Le secteur automobile est ainsi directement concerné. Renault, PSA ou BMW préfèreront-ils vendre des véhicules à des entreprises proposant l’ensemble des modes de transports aux clients finaux ou accepteront-ils de vendre ces services avec le risque de mettre en péril leur activité propre en proposant des véhicules concurrents ou des modes de transports alternatifs?

En outre, seront-ils capables de les offrir avec une qualité de service suffisante, un support client sur des produits et services qu’ils n’ont pas mis en oeuvre ?

L’enjeu est énorme car elles peuvent devenir des producteurs de commodités et descendre dans la chaîne de valeur ou devront se transformer radicalement et s’ouvrir. Des titans tomberont à l’image de Kodak ou Nokia, de nouveaux apparaîtront comme Uber, BlaBlaCar, AirBnB, d’autres se transformeront comme General Electric ou L’Oréal.

Comment une entreprise peut-elle aborder l’Internet des objets ?

Les entreprises actuelles ont beaucoup à apprendre des start-up de l’Internet des objets qui ont déjà intégré cela. Une balance Withings transmet des données à une plateforme FitBit concurrente capable de récupérer des infos d’un thermostat Nest ou Netatmo et vice versa.

Aujourd’hui, il est facile d’explorer, tester, se tromper en lançant de nouveaux services utilisant des objets connectés grâce aux prototypes et pilotes. Ils permettent à une entreprise pour un coût réduit de se familiariser à ces changements et d’entamer sa transformation digitale.

Ce sera beaucoup plus difficile et brutal dans quelques années, bien plus que ne l’a été la révolution Internet.

L’Internet des objets offre des leviers puissants pour l’entreprise pour fidéliser ses clients (exemple : Nespresso qui facilite le rachat de ses capsules de café), réduire ses coûts (ex : en diagnostiquant ses machines à distance, cela réduit ses coûts de support, de maintenance), développer ses ventes (ex : la Smart Drop d’Evian, Danone qui devient un nouveau canal de vente ou MaBaguette.com qui permet aux boulangers d’étendre leur zone de chalandise et de vendre en dehors de leurs heures d’ouverture).

Pour s’y engager, il est nécessaire de déterminer sur quel levier l’entreprise veut agir (fidéliser ses clients, réduire ses coûts…), quels sont les problèmes résolus par ces nouveaux services et étudier le modèle économique, les coûts additionnels, le produit, l’interface, l’infrastructure, les technologies, le support client et s’il faut internaliser ou externaliser. En abordant en amont ces questions, seul ou accompagné, vous serez bien plus préparés pour l’avenir. Des entreprises comme General Electric, L’Oréal, Danone s’y engagent déjà. Pourquoi pas vous ?

Dimitri Carbonnelle, fondateur de Livosphere, expert en Internet des objets

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