L'Unesco veut un cadre éthique international pour réguler les neurotechnologies
Le mois prochain, l’Unesco va lancer un dialogue international sur l’éthique des neurotechnologies. Objectif : instaurer un cadre normatif censé empêcher l’exploitation des données cérébrales, la manipulation des esprits ou encore la modification des capacités humaines.
Estimant qu’il pourrait menacer les droits humains et les libertés fondamentales l’Unesco veut mettre en place un cadre éthique autour des neurotechnologies. Le 7 juin 2023, l’organisation a annoncé que cette proposition, soumise par la directrice générale Audrey Azoulay, avait été approuvée par le Conseil exécutif.
Les discussions pour construire ce document de référence commenceront le 13 juillet 2023. Elles réuniront des décideurs publics, des ONG, des universitaires, des chercheurs et des représentants du secteur privé du monde entier. L’objectif, à terme, est que les 193 états membres s’engagent juridiquement à respecter les règles qui y seront définies.
Interfaces neuronales et pensée connectée
Après le génome humain en 1997, les données génétiques humaines en 2003 et l’intelligence artificielle il y a deux ans, c'est le domaine des neurotechnologies que l’Unesco veut aujourd'hui encadrer.
Mêlant neurosciences, informatique et technologie, ce dernier apporte des solutions révolutionnaires en santé mentale. On pense en particulier aux interfaces neuronales qui pourraient permettre de traiter épilepsie, Alzheimer, Parkinson ou encore problèmes liés à la moelle épinière. Des chercheurs suisses ont ainsi permis il y a quelques jours à un Néerlandais paralysé de remarcher grâce à un implant intracrânien.
De nombreux chercheurs en neurotechnologies planchent par ailleurs sur des accessoires qui détectent l’activité cérébrale et sont ainsi contrôlés par la pensée de celui qui les porte.
Exploitation ou manipulation des données cérébrales
Si ces innovations sont potentiellement révolutionnaires, elles soulèvent néanmoins des inquiétudes, les controverses relatives à Neuralink, la start-up d'Elon Musk, en sont une belle illustration. Dans le communiqué, la directrice générale de l’Unesco explique qu’elles pourraient représenter une "menace pour la dignité humaine, la liberté de pensée et la vie privée".
Développées aussi bien dans des laboratoires de recherche que dans des entreprises privées, ces technologies ouvrent ainsi la voie à des projets médicaux et non médicaux aux objectifs plus ou moins louables. Les données neuronales (générées inconsciemment, donc sans consentement) pourraient ainsi être exploitées.
De plus, au-delà des risques pour la maturation "normale" de leur cerveau, les interfaces cerveau-ordinateur implantées alors que des enfants ou adolescents sont encore en plein développement neurologique pourraient "transformer leurs jeunes esprits et façonner leur identité future de façon durable voire permanente" est-il écrit dans le communiqué.
Créer des êtres "surhumains" ?
L’organisation veut aussi empêcher qu’un jour, des personnes en bonne santé puissent débourser des milliers de dollars pour augmenter les capacités de leur cerveau : "sauvegarder" leurs souvenirs ou encore recevoir directement des informations dans leur esprit.
L'Unesco se lance même dans le récit d’un scénario qui paraît pour l'heure un peu catastrophiste : "Actuellement, 50% des entreprises de neurotechnologie se trouvent aux États-Unis et 35% en Europe et au Royaume-Uni. Les neurotechnologies pourraient donner naissance à une nouvelle génération d’êtres "surhumains", ce qui augmenterait les inégalités en matière d'éducation, de compétences, de richesses et d'opportunités au sein des pays et entre eux, en donnant un avantage injuste à ceux qui disposent des technologies les plus avancées", alerte l'organisation, toujours dans son communiqué.
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