![La Californie, c'est tout un roman [4/7] : La magie](/mediatheque/2/2/9/000462922_imageArticle/san-francisco.jpg)
Si vous êtes déjà allé à San Francisco, vous connaissez peut-être le Buena Vista Park, mais il est peu probable que votre promenade ressemble à celle des trois protagonistes de ce roman de Chris Adrian, écrivain et pédiatre oncologue.
Rendez-vous inattendu avec le merveilleux
En effet, alors que ces trois écorchés de la vie, mal aimés ou mal aimant, se rendent à une soirée donnée par un interne de médecin, ils vont rencontrer le merveilleux, le monde magique des fées et des sortilèges. Le titre du roman "Une nuit d’été" évoquera celui de la pièce de Shakespeare, "Le songe d’une nuit d’été", dont il est une évocation revendiquée. Les plus lettrés peuvent donc s’amuser à voir les points communs entre les deux textes, là où ils divergent... Par exemple, le roman de Chris Adrian met en scène une troupe de sans domicile fixe, fans de comédies musicales, comme il y a dans la pièce de Shakespeare des acteurs venus répéter dans la forêt ensorcellée.
Les autres peuvent tout aussi simplement ouvrir ce roman et s’y plonger, se laissant emporter par le flux narratif d’un auteur qui ne manque pas d’imagination, ni de style pour rendre le voyage plus intéressant. Avec son écriture à la fois poétique et très réaliste, Chris Adrian compose un conte moderne qui est aussi une ode à la ville de San Francisco, dont la beauté naturelle est peut être le premier des sortilèges. Les descriptions de la traversée du Golden Gate et de la nuit passée dans le parc sont autant de tours littéraires remarquables.
Une invention prodigieuse
Si, comme de nombreux auteurs américains, Chris Adrian a un défaut, c’est sûrement qu’il fait un peu trop long et qu’il aurait pû couper ici ou là quelques pages. Mais c’est une remarque de chipoteur, tant le roman est comme une vague qui emporte, passant du monde des fées qui vivent dans le Buena Vista Park à la vie sentimentale des trois héros (par le biais de flashbacks).
Il (et avec lui l’impeccable traduction de Nathalie Bru) en arrive à rendre presque davantage réelles les pages relatant la vie des esprits de la forêt que celles consacrées aux humains en prise avec leurs déboires. Pour un peu, on prendrait un billet d’avion pour aller croiser ce monde imaginaire. Peut-être parce qu’il réussit à balancer son propos avec des descriptions très réalistes, nourries de façon évidente par son expérience de médecin.
Comme dans la pièce du grand William, ici, le tragique n’est jamais triste. Ou, s’il l’est, il ne l’est pas longtemps. La puissance de la vie et de l’imagination triomphent de tout. Vous l’aurez compris, cette nuit d’été est LE chouchou de cette sélection pourtant de très haute volée.
Une nuit d'été, Chris Adrian, Albin Michel, traduit par Nathalie Bru
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