La Chine débauche les ingénieurs de TSMC pour tenter de devenir un leader dans les semi-conducteurs
Face à la guerre économique et industrielle que lui livre les Etats-Unis, la Chine accélère ses efforts de développement de fondeurs électroniques nationaux. Elle lorgne ce faisant sur TSMC, leader mondial du secteur basé à Taïwan.
Julien Bergounhoux
Deux entreprises chinoises de fabrication de semi-conducteurs, soutenues officiellement par le gouvernement chinois, ont débauché en un an plus de cent ingénieurs et cadres travaillant chez Taiwan Semiconductor Manufacturing Corporation (TSMC), le plus grand fabricant de puces électroniques au monde. Une stratégie qui inquiète TSMC, d'après le Nikkei Asian Review, à cause du risque de vol de secrets industriels.
La Chine veut avoir ses propres fabricants de puces
Ces embauches ont pour but de faciliter la création d'une industrie des semi-conducteurs chinoise qui ne serait pas soumise aux pressions du gouvernement américain. Ce dernier a en effet intensifié considérablement ses restrictions envers les entreprises chinoises et en particulier Huawei, au point de mettre son business au point mort. Des mesures hors du commun prises sur fond de guerre commerciale sans pitié entre les Etats-Unis et la Chine.
Les entreprises en question sont Wuhan Hongxin Semiconductor Manufacturing Corporation (HSMC), fondée en 2017, et Quanxin Integrated Circuit Manufacturing (QXIC), fondée en 2019. Elles ont toutes deux été fondées par d'anciens cadres de TSMC (qui possèdent de nombreuses usines en Chine) et emploient chacune plus de 50 ex-employés du Taïwanais, d'après le Nikkei Asian Review. Elles cherchent à développer des processus de fabrication en 12 et 14 nanomètres, qui sont loin d'être à la pointe de l'industrie, mais qui forment un solide point de départ.
Avide de souveraineté, la Chine ne compte pas se laisser suffoquer par les États-Unis et prévoit des investissements colossaux dans la fabrication de semi-conducteurs au cours des prochaines années. Le Nikkei Asian Review cite par exemple Semiconductor Manufacturing International Corporation, une autre entreprise bénéficiant du soutien de l'État chinois, qui prévoit la construction d'une usine évaluée à 7,6 milliards de dollars en partenariat avec la métropole de Beijing.
Difficile de créer des champions nationaux en quelques années
Au total, plus de 3000 ingénieurs taïwanais travaillent désormais pour des entreprises chinoises, d'après le Nikkei. Et ces dernières font tout pour attirer les meilleurs talents. HSMC offrirait à l'heure actuelle des salaires 2,5 fois plus élevés que chez TSMC. QXIC aurait aussi récemment construit un centre de R&D à proximité de l'usine de pointe (5 nm) de TSMC à Taïwan.
Malgré cela, ces projets chinois souffrent d'un sérieux manque de ressources humaines, entre autres parce qu'une demi-douzaine d'entre eux sont nés en même temps, et qu'il s'agit d'une industrie ultra-technique pour laquelle les compétences sont difficiles à acquérir. Ils sont aussi particulièrement coûteux à mettre en œuvre, et leur succès n'est donc pas du tout garanti.
De son côté, TSMC indique au Nikkei Asian Review que son turnover est inférieur à 5% par an et qu'il travaille à solidifier la rétention de ses employés. L'entreprise a par ailleurs le vent en poupe : déjà sous-traitant d'Apple, Qualcomm, AMD, Nvidia ou Huawei, elle travaillera bientôt aussi pour Intel, qui a régner pendant 50 ans sur cette industrie.
La Chine débauche les ingénieurs de TSMC pour tenter de devenir un leader dans les semi-conducteurs
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