La Commission européenne cherche à garantir des "mondes virtuels" sans danger
Une nouvelle stratégie de la Commission européenne esquisse les mondes virtuels de demain qui répondraient aux valeurs de l’UE. Mais le document n’a aucune valeur juridique.
Ariane Tyché, correspondante à Bruxelles
Dans une stratégie de 16 pages bien réelles, la Commission européenne dévoile sa vision des "mondes virtuels" de demain, à l’image du métavers, et elle ne cache pas ses craintes.
Dans les domaines des droits de l'enfant, de la protection des données personnelles et de la vie privée, de la désinformation, de la cybersécurité, de la cybercriminalité, de la cyberviolence (fondée sur le sexe), de la discrimination, de l’exclusion et des discours de haine... l’exécutif européen estime que de forts risques existent et vont de pair avec le développement du "web 4.0" (la quatrième génération du web, celle qui repose sur l’intelligence artificielle et autres objets connectés) et des mondes virtuels.
Or pas question pour la Commission européenne de faire la même erreur qu’avec l’IA et de trop attendre avant de commencer à s’intéresser au secteur. En effet, alors que l’Union européenne (UE) négocie actuellement son règlement encadrant l’IA, les législateurs n’ont de cesse de pointer du doigt des développements technologiques en cascade qui leur donnent l’impression de plancher sur une proposition législative déjà quasiment obsolète.
Façonner "dès le départ" les mondes virtuels
La Commission européenne, qui a fait de la transition numérique l’une de ses priorités, ne voit pas tout en noir pour autant. Elle met aussi en avant les différents avantages que les mondes virtuels pourraient offrir, comme "la possibilité d'utiliser des modèles 3D précis pour simuler les effets du réchauffement climatique" ou, dans le secteur manufacturier, la possibilité de "tester et d'optimiser les processus de production" grâce à des "jumeaux virtuels". "Dans les secteurs culturel et créatif, les mondes virtuels offrent de nouveaux moyens de créer, de promouvoir et de diffuser des contenus européens et de dialoguer avec le public", souligne encore l’institution.
L’important, pour Bruxelles, est de s’assurer "que cette transition technologique tienne compte, dès le départ, des valeurs, des principes et des droits fondamentaux de l’UE". Margrethe Vestager, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne pour une Europe adaptée à l’ère du numérique, a ainsi appelé à "façonner [les mondes virtuels] conformément aux droits et principes numériques de l’UE, en plaçant les citoyens au centre de nos préoccupations et en parant aux risques en matière de protection de la vie privée ou de désinformation".
Mais pour l’heure, cette stratégie n’a pas de valeur législative, elle expose simplement le point de vue de l’institution, certainement sous l’impulsion du Conseil européen qui, en mars dernier, avait plaidé pour l'augmentation du "soutien aux entreprises et aux administrations dans l'Union européenne pour rester à l'avant-garde dans les domaines de l'intelligence artificielle, de l'informatique quantique, de la microélectronique, de la 6G, du web 4.0 et de la cybersécurité".
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