La confiance, l'avantage concurrentiel de l'Europe face aux géants du web
Le Safe Harbor, qui autorisait tout transfert de données à des fins commerciales entre l’Europe et les USA, a été invalidé par la Cour de justice de l'Union européenne.
Ce coup dur pour les GAFA n'est pas le premier de la part d'une Europe qui semble avoir choisi ses armes pour (enfin) exister dans un monde numérisé : la confiance et la transparence.
Ce 6 octobre, la Cour de justice de l'Union européenne a dénoncé le "Safe Harbor" qui permettait aux entreprises américaines de rapatrier les données des utilisateurs européens de leur côté de l'Atlantique... Et, à partir de là, d'en faire ce qu'elles voulaient.
Après le droit à l'oubli décidé applicable depuis le 13 mai 2014, c'est la deuxième fois que l'Europe renvoie dans leurs cordes les géants du net. La Commission européenne discute également avec le Parlement et le Conseil de l'Union, d'un réglement unifié à l'échelle des 28 concernant les données personnelles, sur le principe "un continent, un droit". L'accord, qui devrait aboutir d'ici la fin 2015, simplifiera les démarches pour les entreprises tout en donnant encore davantage la main aux particuliers sur leurs données.
Nous continuerons à donner nos données
D'aucuns, résignés, jugent ce combat d'un autre temps et pensent que le monde numérisé a fait disparaitre la notion de vie privée. Il n'en est rien. La prise de conscience des enjeux des données personnelles progresse. Le slogan "si c'est gratuit, c'est toi le produit" a fait son petit bonhomme de chemin. Nous continuerons à donner nos données en échange de services gratuits, mais non sans exiger de savoir précisément quelle utilisation en sera faite.
C'est sur ce terrain que l'Europe, à la traîne des États-Unis face à la révolution numérique, a un coup à jouer. Les sacro-saints utilisateurs que chaque nouvelle plate-forme veut multiplier pour pouvoir mieux les monétiser ne sont pas dupes. A un service à la politique de confidentialité illisible, ils en préféreront un autre, limpide sur le traitement qu'il fera des informations recueillies à leur sujet.
Favoriser la croissance via la confiance
Cela l'Europe peut l'imposer aux acteurs qu'elle voit émerger. Ce faisant, elle posera moins des barrières à leur croissance qu'elle ne la favorisera en les obligeant à s'ériger en interlocuteurs de confiance, que des internautes et mobinautes devenus conscients de la valeur de leurs données plébisciteront.
Ce combat n'est pas d'un autre temps. Il se joue maintenant.
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