La cyberdélinquance en tête des risques d'entreprises selon Allianz
Le baromètre annuel des risques du groupe Allianz place pour la deuxième année consécutive les risques cyber et l’interruption d’activité en tête des préoccupations des entreprises, aussi bien en France que dans le monde. En France, le risque cyber progresse à la première place du classement. Si les risques environnementaux ne disparaissent pas de leur radar, la crise de l’énergie et les évolutions macroéconomiques les relèguent plus bas dans le classement.
Le baromètre des risques Allianz 2023 vient de livrer ses enseignements. Les menaces cyber et l’interruption d’activité restent pour la deuxième année de suite les principales préoccupations des entreprises, aussi bien au niveau mondial que français. Dans notre pays, elles représentent un risque pour respectivement 40% et 32% des répondants. La crise de l’énergie et les évolutions macroéconomiques entrent néanmoins dans le top 10 des principales préoccupations en France, en passant directement à la 3e et à la 4e place ; une tendance que l’on retrouve en Europe et en Amérique mais pas en Afrique et en Asie, plus épargnées par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Le baromètre, réalisé par Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), l’assureur des risques industriels du groupe Allianz, analyse les opinions de 2712 experts en gestion du risque, tels que directeurs généraux, gestionnaires de risques, courtiers et assureurs, situés dans 94 pays et territoires.
"Amélioration continue de la résilience"
Ces préoccupations occultent momentanément celles liées aux catastrophes naturelles (de la 3e à la 5e place dans le classement français), au réchauffement climatique (de la 7e à la 6e place), aux incendies (de la 4e à la 7e place) et à la pandémie, qui sort du top 10 aussi bien au niveau mondial que dans l’Hexagone.
"Les pertes assurées [liées aux catastrophes naturelles en 2022] dépassent les 100 milliards de dollars, tempère Allianz, suite à de violentes sécheresses, tempêtes et incendies durant l’année, notamment aux Etats-Unis. Ainsi, ces risques figurent encore aux sept premières places du classement mondial." Les évolutions législatives et réglementaires (8e place en France), les fluctuations du marché (9e place) et la pénurie de main-d'œuvre qualifiée (10e place) complètent ce classement. L’entrée dans le top 10 de cette dernière préoccupation vient souligner les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises européennes, au diapason de leurs homologues américaines.
"La bonne nouvelle, c’est qu’en tant qu’assureurs, nous constatons une amélioration continue de la résilience chez nombre de nos clients, grâce à la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, à l’amélioration des plans de continuité d’activité et au renforcement des contrôles cyber. L’adoption des mesures nécessaires pour renforcer la résilience et réduire les risques fait désormais partie des priorités des entreprises, après les événements de ces dernières années", a commenté Joachim Mueller, CEO d’AGCS.
Le risque cyber, une menace pour 80% des entreprises de télécommunications
Les menaces cyber représentent le risque le plus important pour les entreprises dans 19 pays, dont le Canada, la France, le Japon, l’Inde et le Royaume-Uni. En France il est passé devant la peur d'une interruption de l'activité, par rapport à 2021.
Les petites entreprises sont les plus inquiètes par un tel risque. "Les grandes entreprises, désormais habituées aux attaques, et celles qui disposent d'une cybersécurité adéquate, sont capables d’en déjouer la plupart. Mais les petites et moyennes entreprises sont également touchées. Celles-ci ont tendance à sous-évaluer leur exposition et doivent investir en permanence pour renforcer leurs contrôles cyber", explique dans le communiqué d’Allianz Shanil Williams, membre du conseil d’administration d’AGCS et directeur de la souscription Entreprises, chargé de la souscription cyber.
Selon le Centre de compétences cyber d’Allianz, la fréquence des attaques par ransomware sera toujours élevée en 2023, tandis que le coût moyen d’une violation de données (4,35 millions de dollars) n’a jamais été aussi important en 2022, et devrait même dépasser les 5 millions cette année. Le conflit en Ukraine accroît encore le risque d’une cyberattaque à grande échelle par des acteurs financés par des États. D’autre part, "la pénurie de professionnels de la cybersécurité s’accentue, ce qui soulève des défis pour améliorer la sécurité", souligne le bilan d’Allianz. Un risque cyber en partie lié aux interruptions d’activité, la deuxième préoccupation des entreprises en France et dans le monde, puisqu’il représente la cause d’interruption que les entreprises craignent le plus (45% des réponses).
Logiquement, cette inquiétude quant aux risques cyber se retrouve à la première place des préoccupations dans le secteur des technologies (50% des réponses au niveau mondial) et des télécommunications (80%). Dans le premier domaine, les interruptions d’activité (42%), les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, les véhicules autonomes ou la 5G (25%), les évolutions macroéconomiques (23%), qui font leur entrée, et les changements de législation (22%) complètent ce tableau.
Dans le second, les coupures d’infrastructures critiques (48%), les risques politiques et la violence (28%), qui font leur entrée et la guerre en Ukraine n'y est pas pour rien, les interruptions d’activité (24%) et les catastrophes naturelles (20%) constituent les autres préoccupations majeures. Ce dernier risque, qui fait son entrée dans le classement pour les télécoms, fait écho à la fragilité des infrastructures face aux événements climatiques. Un risque mis en avant notamment en France, où le réseau de fibre n'est pas majoritairement enterré.
La crise énergétique, choc de rentabilité le plus important en Europe
Parmi les autres sujets d’inquiétude pour l’ensemble des entreprises, "la perspective d’une récession sera une autre source probable de perturbations en 2023", note Allianz, notamment pour les groupes n’ayant que quelques fournisseurs essentiels. Selon Allianz Trade, les défaillances d’entreprises dans le monde pourraient augmenter de 19%. "Il n’y a aucune raison de désespérer, nuance Ludovic Subran, chef économiste chez Allianz. D’une part, la hausse des taux d’intérêt est bénéfique, notamment pour des millions d’épargnants. D’autre part, les perspectives à moyen terme sont bien meilleures, en dépit –ou à cause– de la crise énergétique. Leurs effets, au-delà de la récession attendue en 2023, sont déjà visibles : une transition accélérée vers la décarbonation de l’économie et une sensibilisation accrue aux risques dans tous les secteurs de la société, qui renforceront la résilience économique et sociale."
La crise énergétique, quant à elle, devrait demeurer le choc de rentabilité le plus important, notamment dans les pays européens, selon Allianz Trade. "Aux niveaux actuels, les prix de l’énergie réduiraient à néant les bénéfices de la plupart des entreprises non financières, puisque le pouvoir de fixation des prix diminue dans un contexte de ralentissement de la demande", écrit le rapport. Outre ses conséquences sur le prix de l’énergie, la guerre en Ukraine transparaît également dans l’entrée des risques politiques et de la violence dans le classement, à la 10e place ; des risques pas seulement liés à la guerre, assure Allianz, mais également "aux grèves, aux émeutes et aux mouvements sociaux, sur fond de crise du pouvoir d’achat dans de nombreux pays".