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"La data nous permet de comprendre la ville et de lancer des projets innovants", explique le CDO de Rio de Janeiro
A l'occasion du Connected Citizens Summit organisé par Waze à Paris, L'Usine Digitale a rencontré Pablo Cerdeira, Chief data officer de Rio de Janeiro.
Il explique ses méthodes de travail et ses chantiers prioritaires.
Rio de Janeiro : 6 millions d'habitants, et une task force de… 6 personnes, à la mairie de la ville, pour piloter l'action publique grâce à la donnée. Cela peut sembler dérisoire mais pourtant, cette bande de geeks, la "Pensa team", dirigée par le Chief data officer (CDO) Pablo Cerdeira, permet de traiter des problématiques très larges grâce aux pouvoirs du big data… Et elle obtient des résultats concrets.
Cela fait trois ans que cette "boîte à idées" a été mise en place par le maire de la ville. Son but : "mieux comprendre la ville grâce aux données et lancer des projets innovants", explique-t-il. "Nous ne faisons pas des rapports et des graphiques, nous suggérons des changements concrets grâce à l'analyse des données". L'équipe, composée selon une logique inter-disciplinaire (chaque membre a plusieurs cordes à son arc) dispose d'une certaine liberté d'action et peut s'emparer des sujets qui l'intéressent. Avec toujours l'obsession d'être utile.
croiser des données publiques et privées
La première tâche de l'équipe a été de rassembler le maximum de données, notamment auprès de multiples agences publiques. L'ouverture des données publiques étant inscrite dans la loi au Brésil, cela n'a pas été l'étape la plus compliquée. Il a fallu davantage batailler pour accéder à des données appartenant à des entreprises privées. L'équipe a finalement pu, par exemple, mettre la main des données fiscales, téléphoniques, énergétiques, de différents secteurs.
Ensuite, ces données ont été croisées pour en extraire des informations utiles. "C'est assez simple : les données de mobilité peuvent être utiles pour le service des déchets, par exemple", résume le CDO, à la fois développeur, spécialiste du droit et data analyst.
Plus de 20 projets mis en oeuvre en trois ans
Pour Pablo Cerdeira, "data is the new oil", comme on lit souvent. Mais un carburant "qui s'accumule, ne se consomme pas et donc se bonifie avec le temps". Chaque nouveau projet, chaque jeu de données ajouté améliore les précédents. La Pensa team a donc introduit un principe d'amélioration continue et d'obligation de résultats dans l'administration de la deuxième plus grande ville du pays.
Depuis sa création, la Pensa team a mené une vingtaine de projets sur des sujets très variés : environnement, santé, urbanisme, gestion des déchets… Avec des résultats parfois spectaculaires. La plus grande fierté du CDO : avoir endigué l'épidémie de dengue en 2014. Les cas ont été réduits de 98% d'une année à l'autre. L'équipe de Pablo Cerdeira avait cartographié les zones à traiter en priorité en croisant de multiples données. "La dengue est une maladie contagieuse, donc sociale : la data est particulièrement indiquée pour la combattre", analyse le CDO.
L'équipe de la Pensa Team a aussi travaillé sur les zones les plus sensibles aux inondations, en préconisant les quartiers les plus exposés, et a suggéré les zones clés où placer les policiers municipaux pour réduire le nombre d'accidents. Il a aussi aidé à choisir la localisation des sites olympiques et la refonte des schémas de transports grâce à une analyse minutieuse des flux des habitants. 30% des bus ont été supprimés avec comme moteur la réduction des coûts, des embouteillages et de la pollution. "Nous avons créé un outil permettant de mesurer les conséquences de chaque scénario : combien ça coûte, combien ça va permettre d'économiser, avec quel impact pratique, pour convaincre les acteurs de ce dossier", explique Pablo Cerdeira.
les habitants invités à participer
La ville s'est appuyée pour ces projets sur les données en temps réel de l'application de navigation sociale Waze. C'est d'ailleurs la démarche de Rio qui a invité la start-up israélienne rachetée par Google à créer le "Connected Citizens program". Pablo Cerdeira n'a aucun scrupule à collaborer et à échanger des données avec de grands groupes comme Google. Bien au contraire. "Nous avons d'abord pensé à créer nos propres applications publiques. Mais cela demande tellement de ressources pour les maintenir et les mettre à jour que nous avons renoncé. Ce n'est pas le rôle d'une agence comme la nôtre".
Les start-up brésiliennes sont créatives, mais manquent cruellement de financements pour mettre en œuvre les projets. Le CDO préfère s'appuyer sur des outils existants populaires comme Waze. "C'est aussi une appli qui permet à chaque automobiliste de sortir de sa bulle et de communiquer, quand quelque chose se passe mal. En matière de mobilité, la frustration naît du manque d'informations", juge-t-il. Rio incite donc les habitants à télécharger Waze, à signaler les bouchons, les nids de poules, les zones de travaux... Et plus les habitants participent, plus la data collectée par Waze et partagée avec la ville est riche. Le crowdsourcing s'avère, dans ce cas, un bon levier d'aide à la décision pour l'action publique.
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