La Plateforme veut projeter Marseille dans la formation numérique d’excellence
Le Secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, a assisté le 11 juillet 2019 à Marseille à la présentation de La Plateforme, labellisée "Grande Ecole du numérique". L’établissement ouvrira ses portes en septembre avec un modèle de formation fondé sur trois piliers.
JEAN-CHRISTOPHE BARLA
Quatorze câbles sous-marins de l’internet mondial font de Marseille un hub international unique, mais en matière de formation aux technologies numériques, la ville souffre d’un certain retard. "La Plateforme" qui accueillera ses premiers étudiants mi-septembre 2019 ambitionne de le combler en ciblant trois types de publics : les personnes sans qualification et demandeurs d’emplois en quête d’un rebond dans un secteur qui embauche, pour les (trans)former en codeurs et développeurs opérationnels, les ingénieurs diplômés Bac +5 désireux de compléter leurs connaissances par une spécialisation en intelligence artificielle (IA), et enfin les salariés conscients de la nécessité de réadapter leurs compétences pour rester dans le coup de la transition numérique.
Un engagement collectif
L’établissement bénéficie de l’appui d’une multitude de partenaires publics et privés et c’est cet engagement collectif que le Secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, a tenu à saluer le 11 juillet 2019, dans le cadre d’un "road trip" de deux jours au sein de la métropole marseillaise qu’il achève ce 12 juillet dans les locaux de la société Gojob à Aix-en-Provence.
"Pour croître, il faut pouvoir recruter. Il manque 80.000 emplois, toutes qualifications, sur le marché cette année, il en manquera 200.000 en 2022, soit l’équivalent de nos créations nettes d’emplois en 2018. Nous ne réussirons pas si le profil-type du créateur d’entreprise reste un jeune mâle blanc issu des meilleures écoles et des catégories socio-professionnelles les plus favorisées. Souvent, ceux qui ont connu les plus grosses galères sont ceux qui ont le plus d’envie car leur vie s’est déroulée hors de ces parcours balisés", a-il indiqué.
Avant d'ajouter : "Pour les femmes dans les technologies, le sujet n’est pas catastrophique, il est pire et ça empire… Il faut que les jeunes filles puissent apprendre le code. Et je crois au rôle des modèles. Elles se diront que c’est possible quand elles verront plus de femmes chefs d’entreprises. Si je voulais être présent pour ce lancement de La Plateforme, c’est parce que Marseille qui a besoin d’une profonde transformation est un territoire contrasté, marqué par un dynamisme économique et des difficultés."
Former sur des cas réels
La Plateforme devrait démarrer avec une première promotion de codeurs de trente à quarante étudiants, recrutés en s’appuyant sur les réseaux de Pôle Emploi (qui doit normalement financer la formation des allocataires du chômage ou du RSA) et d’associations comme Les Apprentis d’Auteuil, Simplon... "Nous voulons vraiment aller chercher des personnes aux profils inhabituels", insiste le cofondateur de l’école, Cyril Zimmermann qui s’est attelé, soutenu par Antoine Metzger, président du directoire du groupe de génie civil et travaux publics NGE, à rassembler largement autour du projet. "L’approche pédagogique se fondera sur des cas concrets, inspirés de besoins réels de sociétés du territoire, assure-t-il. Elle permettra de détecter les talents et nous procèderons ainsi à tous les étages des formations parce qu’il faut que les codeurs puissent parler aux ingénieurs, que les ingénieurs parlent aux dirigeants et que, pour se comprendre, tous se mélangent"."Le numérique, c’est un combat pour l’emploi et aussi pour notre souveraineté. Dans un secteur où le leader devient très vite hégémonique, nous devons faire émerger des champions qui reflètent ce que nous sommes, capables de se battre avec les Américains pour ne pas laisser nos choix dépendre d’entreprises qui n’ont pas les mêmes valeurs que les nôtres", Cédric O
Objectif : 100 codeurs formés par an
En 2020, La Plateforme veut atteindre les 100 codeurs formés par an (gratuitement) à raison d’un cursus sur deux ans. Vingt-cinq étudiants suivront le parcours "Bac +6" en IA, algorithmie, intelligence des données, conçu avec l’Ecole Centrale Marseille et payant (1.600 euros par an). Et si une quinzaine de stagiaires composera à la rentrée le premier groupe de formation continue (IA, blockchain…), les effectifs évolueront au long cours à la demande des entreprises.
La Plateforme s’installera dans 1 500 m2 d’un immeuble du centre-ville. Pour son amorçage, elle bénéficie du mécénat du Crédit Agricole Alpes-Provence et d’entreprises du club Top 20 de Marseille-Provence* ou de la French Tech Aix-Marseille. Etat, Région, Département des Bouches-du-Rhône et Métropole Aix-Marseille-Provence fournissent aussi leur soutien. Reste maintenant à convaincre les PME de prendre appui sur ce socle qu’est La Plateforme afin de lever les freins à leur transition numérique.
Aux yeux de Cédric O, ce travail de sensibilisation appartient aux organisations patronales et aux CCI, pas à l’Etat. "Les grandes entreprises sont montées à bord par conscience du risque. Pour les PME, je ne pense pas que l’Etat puisse le faire ou même sache le faire. Pour qu’un chef d’entreprise bouge, c’est parce que le voisin l’a fait et lui a dit que ça marchait…".
*NGE, Voyage Privé, Compagnie Fruitière, Marbour, Seafoodia, Société Marseillaise de Crédit, Richardson, Foselev, Oxatis, Aéroport Marseille Provence…
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