La révolution robo-taxis, une valse à trois temps

Le cabinet Mc Kinsey fait le point sur le développement de services de robot-taxis rendus possible par l'arrivée du véhicule autonome. Ses analystes annoncent une révolution en trois temps.

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La révolution robo-taxis, une valse à trois temps

Si les constructeurs automobiles abordent pour l'instant la révolution du véhicule autonome par l'angle technologique (avec une course aux véhicules de niveau 3, 4 et 5 selon la classification de la SAE), le centre de recherche sur les mobilités de demain du cabinet Mc Kinsey, lui, propose une approche plus centrée sur les usages. Dans un article co-signé par quatre analystes, trois grands débouchés sont évoqués pour le véhicule autonome : la mise en convoi de camions sur autoroutes (platooning), la livraison du dernier kilomètre et les "robo-taxis".

Selon le cabinet, c'est le marché du "robo-taxi" qui semble promis au plus bel avenir. Les constructeurs le savent bien : lors d'un séminaire technologique, Gill Pratt de Toyota rappelait fin septembre que "le marché de la mobilité est cinq à dix fois plus important que celui de la vente d'automobiles". Les analystes de McKinsey traduisent cette réalité différemment : les constructeurs gagnent en moyenne 2500 euros sur chaque modèle vendu ; rapporté au nombre de kilomètres parcourus, cela représente "un penny par mile", soit quelques petits centimes par kilomètre. La mobilité "à la demande" leur rapportera davantage ; cela pourrait faire baisser le coût de la mobilité de 30 à 50%.

Le "robo-taxi" fait donc rêver les acteurs de l'industrie. Mais quelle(s) réalité(s) se cache(nt) derrière ce terme, "robo-taxi" ? Mc Kinsey détaille les différentes modalités du transport autonome de personnes et de biens. Il explique bien que cette révolution sera très progressive et voit trois grandes étapes de développement, à partir de 2020.

2020- 2022 : le robo-taxi 1.0

McKinsey estime que l'exploitation commerciale de robo-taxis (des véhicules ne nécessitant pas de conducteur, ni de passager capable de reprendre le contrôle manuellement en cas de souci) sera possible "dans cinq ans". C'est bien moins optimiste que ce que laissent espérer les annonces de certains acteurs du marché comme GM et Waymo.


Mais attention : ce robo-taxi 1.0 sera par définition limité à certaines zones et certaines conditions de circulation. On parle de taxis "géofencés", ne circulant que sur des routes préalablement cartographiées en 3D avec un très grand niveau de précision. Mc Kinsey parle de voitures ou navettes circulant "à vitesse réduite par temps clair souvent sur voies dédiées, avec un faible trafic environnant". On n'est pas très loin des expérimentations menées actuellement par des acteurs comme Navya.


Mc Kinsey juge que durant cette phase 1, les opérateurs ne chercheront pas forcément à gagner de l'argent mais plutôt à accumuler les kilomètres pour engranger des données et de l'expérience nécessaire au développement de leurs systèmes.

2025-2027 : le robo-taxi 2.0

Au milieu des années 2025, les "vrais" robo-taxis, capables de se mouvoir dans des environnements complexes – trafic dense, centre-ville, vitesses plus élevées sur autoroutes, de jour comme de nuit – arriveront sur les routes. Les navettes et véhicules autonomes pourront être plus facilement connectés aux hubs de transport existants. Les liaisons autonomes se limiteront encore à des zones définies à l'intérieur des villes, prédisent les analystes de Mc Kinsey.

Après 2030 : le robo-taxi 3.0

Le stade 3 est celui où les véhicules s'affranchissent des contraintes technologiques, et sont réellement capables d'opérer partout, dans toutes les conditions (ce qui correspond à un niveau 5 d'autonomie, au sens de la SAE). McKinsey pense que ce cap sera franchi après 2030. Il pourrait alors inciter les consommateurs à ne plus acheter de véhicule personnel pour mieux consommer de la mobilité à la demande, disponible 24h sur 24 et sept jours sur sept à un tarif compétitif. Ce changement de modèle économique aura des conséquences sur de nombreux acteurs de l'auto, de l'assurance, des transports (le ferroviaire et l'aérien notamment). Difficile d'anticiper qui captera la valeur de ce nouveau marché.

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