
La start-up anglaise Five a annoncé mardi 3 mars 2020 avoir levé 41 millions de dollars pour amorcer un virage vers le marché B2B, faisant un pas de côté par rapport à sa vision initiale qui consistait à construire de A à Z des véhicules complètement autonomes. Ont participé à ce second tour de table les sociétés d’investissement en capital-risque Trustbridge Partners et Sistema Venture Capital, l’assureur Direct Line Group, ainsi que Lakestar, Amadeus Capital Partners, Kindred Capital et Notion Capital – qui avaient, ensemble, déjà permis à la société de lever 35 millions de dollars fin 2017.
UN VIRAGE VERS LE B2B
Fondée à Cambridge en 2016, la jeune pousse comptait à l'origine développer l'intégralité du système de conduite autonome pour se créer une flotte de voiture qu'elle exploiterait elle-même. Mais elle s'est rendue compte l'année dernière que le problème était beaucoup plus complexe qu'elle ne l'avait anticipé. La société entend désormais se concentrer sur le développement d'éléments spécifiques qu'elle commercialisera auprès d’autres acteurs, à commencer par les constructeurs automobiles. La première brique a laquelle elle va s'attaquer est un logiciel pour tester et mesurer la précision des systèmes de conduite autonome.
Composée à 40% de docteurs en ingénierie, informatique et mathématiques, la start-up faisait jusqu’ici partie du programme gouvernemental StreetWise outre-Manche, visant à accélérer la R&D en matière de conduite autonome. Dans le cadre de celui-ci, elle a lancé une phase d’essais sur route dans le sud de Londres au mois d’octobre 2019. Si Five est "susceptible de poursuivre ces travaux de recherche", son fonds de commerce va se rediriger vers la vente de technologies aux constructeurs. Au moment d’investir, Direct Line a ainsi indiqué vouloir "recourir à une de ses solutions permettant de mesurer la fiabilité" des véhicules autonomes… pour fixer le tarif de ses assurances en conséquence.
CHAQUE ACTEUR DU SECTEUR DOIT TROUVER SA NICHE
Un temps perçu comme l’une des pépites du secteur, aux côtés de concurrents comme Waymo, Cruise, Uber ou Argo AI, Five a martelé l’argument selon lequel la création d'un poids lourd européen serait vitale pour l’avènement de la conduite autonome sur le Vieux continent. Si la jeune pousse a, par le passé, reconnu que des entreprises basées aux Etats-Unis ou en Asie pouvaient cartographier les rues, elle a toujours estimé que leur manque de connaissance quant aux habitudes des Européens au volant les handicaperait. Elle pense par ailleurs que cette technologie sera davantage utile aux flottes de véhicules – comme les transports en commun – plutôt qu’aux particuliers.
Stan Boland, CEO de Five, dit s’attendre à ce que "des milliards de dollars d’investissement" doivent encore être déboursés avant d’atteindre le fameux niveau d'autonomie 5 SAE, celui où la conduite serait entièrement autonome. Et, a fortiori, pour une utilisation par le grand public. "Un modèle B2B est, à ce stade, préférable pour que chacun [des acteurs sur ce créneau] trouve sa niche et puisse fournir des technologies requises pour que le système fonctionne correctement", souligne-t-il, précisant que sa société prévoit de commercialiser des technologies pour une douzaine de cas d'usage distincts.
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