La start-up française Altaroad, spécialiste de la traçabilité dans le BTP, veut intensifier sa croissance
Lauréate du programme French Tech 2030, la start-up française Altaroad, spécialiste de la traçabilité des matériaux et des déchets dans le BTP, cherche à passer la vitesse supérieure après six ans d’existence.
C’est une salle comble de la Station F à Paris qui a accueilli, mardi matin, Cécile Villette. La PDG d’Altaroad était venue présenter les avancées de sa start-up, laquelle a bénéficié ces six derniers mois de l’Environmental Startup Accelerator de Microsoft France. La semaine passée, lors du salon Viva Tech, Altaroad et sa cofondatrice avaient également été mis à l’honneur, intégrant officiellement la première édition du programme gouvernemental French Tech 2030.
Annoncé en février 2023 par Emmanuel Macron, celui-ci vise à "sélectionner les entreprises à haut potentiel de croissance et leur offrir un accompagnement sur mesure pour en faire des champions internationaux". Une reconnaissance bienvenue pour Altaroad, dont la promesse de traçabilité précise des matériaux et des déchets sur les chantiers du BTP séduit de plus en plus d’acteurs.
Suivre les déchets de bout en bout
Lancée en 2017 par Cécile Villette, Bérengère Lebental et Rihab Jerbi, Altaroad part du postulat selon lequel il est possible, grâce au traitement de données, d’optimiser la gestion et le déplacement des déchets produits par les chantiers du BTP, et d’ainsi réduire leur importante empreinte carbone. Le secteur du bâtiment génère en effet 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France et est, comme beaucoup d’autres, concerné par des obligations de transition écologique.
S’appuyant sur les travaux de Bérengère Lebental, directrice de recherche à l’université expérimentale Gustave-Eiffel, Altaroad met ainsi à disposition de ses clients, principalement des organismes conducteurs de travaux, une plateforme dans le cloud intitulée DigiTrack. Cette dernière centralise les flux de déchets et de matériaux sur un chantier donné et permet de les suivre avec précision. Et ce à chaque maillon de la chaîne et "de bout en bout", du producteur des déchets jusqu’aux zones de traitement.
Les données agglomérées sur Digitrack sont collectées directement par les ouvriers et par le biais de divers outils supplémentaires mis à disposition des chantiers, selon leurs besoins. "Sur les petits chantiers, ils n'ont besoin que de l'interface DigiTrack mais sur les plus gros, comme ceux du Grand Paris, on met de la pesée dynamique, des capteurs, des caméras, de la reconnaissance numérique de documents, de l’intelligence artificielle", indique Cécile Villette.
Autant d’instruments technologiques auquel le secteur du BTP s’ouvre peu à peu, mais qu’il faut encore rendre accessible au plus grand nombre, selon la PDG d’Altaroad. "Sur les chantiers, on a parfois des personnes qui ne parlent pas français ou qui ne savent pas lire, donc l’utilisabilité de notre solution est absolument cruciale."
Un contexte légal et sectoriel favorable
Les solutions d’Altaroad ne manquent en tout cas pas de convaincre ses principaux clients. Après "un énorme ralentissement" du BTP lié à la pandémie de Covid, la start-up française peut compter sur la promulgation en 2020 de la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) et, dès lors, sur la mise en conformité de nombreux acteurs, notamment concernant le réemploi de matériaux.
"C’est en train d'accélérer, les gens prennent conscience que, globalement, ils sont en retard et qu'il faut qu'ils fassent quelque chose", confirme Cécile Villette. Sûre de sa technologie, elle souhaite désormais mettre l’accent sur le volet commercial d’Altaroad et conquérir de nouveaux clients. "Toutes les collectivités, qui sont finalement les plus gros donneurs d'ordre, vont devoir passer à une traçabilité bien plus systématique."
En dehors des entreprises privées comme Eiffage, Vinci ou Colas, Altaroad vend depuis peu sa solution au Département des Hauts-de-Seine, à la Ville de Paris et la communauté d’agglomération Seine-Eure. La start-up se fait d’ailleurs la main sur les travaux du Grand Paris ("on est sur quasiment toutes les lignes", assure Cécile Villette) et, dans une moindre mesure, ceux des Jeux Olympiques. Altaroad mise aussi sur les chantiers de la future liaison ferroviaire Lyon-Turin ou du canal Seine-Nord, "où il y aura de forts enjeux de traçabilité".
Si elle fournit à ce jour principalement des clients français, la start-up souhaite opérer davantage à l’étranger, avec un accent mis sur l’Europe et des débuts en Suisse ainsi qu’en Côte d’Ivoire. "On a monté cette boîte pour aider à réduire l'impact environnemental du BTP, résume Cécile Villette. On ne va pas s’attaquer au problème en ne le résolvant qu'en France."
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