
Le bitcoin déchaîne les passions. Si pour certains la plus célèbre des monnaies virtuelles représente une alternative séduisante aux moyens de paiement traditionnels, elle s'apparente pour d'autres à une véritable arme de manipulation massive. La plus importante plate-forme d'échange de bitcoins, Mt.Gox, a annoncé le 11 février qu'elle suspendait de manière indéfinie les retraits après avoir découvert une "activité inhabituelle", de quoi alimenter les doutes autour de cette devise électronique.
Une monnaie interdite dans plusieurs pays
Le bitcoin a été inventé en 2009 dans le sillage de la crise financière par un informaticien qui souhaitait créer une monnaie ne dépendant d'aucune banque centrale ou institution financière, ce qui entraîne des frais de transactions limités. Cette monnaie virtuelle peut être échangée en ligne contre des devises officielles (euro, dollar, yen ou autre) ou utilisée pour des achats, sans risque de manipulation par les banques centrales et sans frais bancaires, vantent ses partisans. Ses détracteurs dénoncent sa forte volatilité et son usage pour des activités criminelles comme le blanchiment d'argent sale.
Le mythe du bitcoin
Les récits d'internautes qui se sont enrichis en revendant à prix d'or des bitcoins achetés quelques temps auparavant - son cours était par exemple passé de 200 à 700 dollars entre octobre et novembre en 2013 - entretiennent le mythe autour de cette monnaie. Mais pour Georges Ugeux, spécialiste de la finance, ce n'est pourtant qu'un château de cartes prêt à s'écrouler.
Sur son blog "Démystifier la finance", l'économiste va jusqu'à comparer le bitcoin à un schéma de Ponzi, un mécanisme - rendu célèbre récemment par Bernard Madoff - où les nouveaux investisseurs permettent de payer les rendements aux anciens : "il n’y a aucune réalité économique ou financière derrière le bitcoin : seulement une valeur de convenance entre parties", estime-t-il.
Effondrement à court terme
Interrogé par FranceTVinfo, Georges Ugeux prédit "une crise à court terme du bictoin". Il ajoute que "le jour où ceux qui ont mis la main sur énormément de bitcoins avant qu’il explose décideront d’encaisser leurs profits, le système s’effondrera. Et avec un marché qui pèse 10 milliards et demi de dollars, comme aujourd’hui, la tentation est trop grande pour que ce scénario ne se produise pas."
Une violente charge contre la monnaie virtuelle. Mais les défenseurs répliquent en indiquant que les phénomènes spéculatifs sur le bitcoin restent marginaux et que son utilisation reste avant tout liée à des transactions bien réelles avec l'avantage de ne pas être sous le contrôle des banques et des autorités monétaires. Pourtant à en croire les Cassandre, le caractère dérégulé du bitcoin - et qui explique en grande partie son succès - pourrait aussi causer sa perte.
Julien Bonnet
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