Le gouvernement lance des pistes pour que les industriels ne boudent plus la 5G
Malgré le buzz autour des réseaux 5G privés, l'industrie 4.0 française ne se précipite pas sur les expérimentations. Le rapport de la Mission 5G industrielle dirigée par Philippe Herbert, remis le 3 mars, répertorie les points de blocage.
Entre les effets d'annonce autour des réseaux privés 5G, qui n'ont pas manqué au salon du mobile de Barcelone, et la réalité, c'est le grand écart. Un rapport sur la 5G industrielle remis le 3 mars à la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher et au secrétaire d’État au Numérique Cédric O en témoigne. Le déploiement de la 5G dans l'industrie en France reste moins important que dans d’autres pays. Dans un communiqué, Cédric O évoque un "léger retard" qui reste "surmontable".
Les industriels "attentistes"
À date, la Direction Générale des Entreprises (DGE) recense 21 plateformes d'expérimentation de la 5G industrielle en France, soutenues par le plan France Relance et la stratégie d’accélération sur la 5G. À cela s'ajoutent des initiatives privées, comme celles de Schneider Electric, Lacroix Electronics, CapGemini, et Merem Électronique.
La Mission souligne que ces projets "ne sont, pour leur majorité, qu’à un stade de préparation et de planification", et que les résultats pourraient attendre "plusieurs années". "La grande majorité du tissu industriel français est dans une posture que nous nommerons 'attentiste'", indique-t-elle.
La Mission 5G industrielle, conduite par Philippe Herbert, a identifié sept freins au déploiement, notamment l’accès aux fréquences et le faible nombre d'équipements compatibles, non seulement avec la 5G industrielle mais aussi avec les modèles économiques des entreprises. Outre le mur des coûts d'acquisition des fréquences et des matériels, les industriels se heurtent aussi au besoin de compétences en ingénierie télécom, qui leur fait défaut.
attribution de Fréquences : trop cher, trop compliqué
Aujourd’hui, pour accéder à des fréquences permettant de déployer des réseaux privés, les industriels ont deux possibilités : la bande 2,6 GHz, dans le cadre d’un guichet dédié ouvert par l'Autorité des télécoms (Arcep) ; et la bande principale (3,5 GHz), contrôlée par les opérateurs télécoms. Seules 12 autorisations ont été délivrées par le guichet 2,6 GHz, et pour cause.
Le palier minimum comprend un droit d'émettre sur une surface de 100 km2, pour un prix de 70 000 euros par an. Prohibitif pour la majorité des sites industriels. A l'inverse, la largeur de bande maximum attribuable, 40 MHz, ne suffit pas pour certains cas d'usage intensifs. Concernant l'accès aux fréquences des opérateurs, les industriels auditionnés par la Mission ont rapporté le manque et le flou des offres.
A la suite des recommandations établies par le rapport, le gouvernement a décidé de faciliter l’accès aux fréquences dans la bande 2,6 GHz en modifiant les modalités des redevances, et réfléchit à ouvrir les expérimentations sur la bande 3,8 GHz-4GHz.
19 millions d'euros de nouveaux fonds publics
Concernant le volet équipements, l'État s'engage à apporter "un soutien prioritaire aux projets portant sur le développement d’offres 5G industrielles intégrées clés-en-main", à l'image de celle lancée par B-com au MWC 2022. Un nouvel appel à projets franco-allemand a également été annoncé sur les réseaux 5G privés.
Enfin, 19 millions d’euros de financements publics seront injectés dans le cadre du plan d'investissement France 2030 dans sept nouveaux projets lauréats de la stratégie d’accélération 5G : 6G Hauling de Spectronite (technologies radio intelligente pour les opérateurs mobiles), 32+ paires de fibres d’Alcatel Submarine Networks (système sous-marin de fibre optique pour rendre possible des capacités de l’ordre du Petabit/s), Convergence 5G de WeAccess (solution 5G standalone pour les petits sites 5G), Géo 5G de Firecell (système de localisation ultra précis en intérieur qui sera expérimenté dans une usine Stellantis), I-COM 5G de Seamless Waves (puces électroniques pour stations de base 5G dans la défense et la sécurité), TopTen de Kapteos (solution de test d’antennes), et Simbade d’Ekinops (transmission optique multibandes permettant une augmentation par 10 de la bande passante sur le réseau existant).
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