Le lancement de Libra pourrait être repoussé à cause du manque de réglementation

Libra devait être initialement lancé en juin 2020. Cette date risque d'être repoussée par l'absence presque totale de règles autour de la cryptomonnaie de Facebook, ce qui constitue une source d'inquiétude importante pour les Etats. 

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Le lancement de Libra pourrait être repoussé à cause du manque de réglementation
Fin août 2019, Facebook avait tenté de rassurer en lançant le "Libra Bug Bounty".

"Le plus important est de nous conformer aux organismes de réglementation et de nous assurer qu’ils nous fassent confiance", a déclaré Bertrand Perez, le directeur général de Libra, le 27 septembre 2019. Il expliquait alors à Reuters la possibilité d'un retard d'un ou deux trimestres dans le lancement de ce dispositif sans que cela ne constitue "un vrai problème". En cause : le manque de réglementation autour de cette cryptomonnaie dont le lancement était initialement prévu en juin 2020.

Facebook lance le "Libra Bug Bounty"

Fin août 2019, Facebook avait tenté de rassurer en lançant le "Libra Bug Bounty", un programme de recherche des éventuelles failles afin de "renforcer la sécurité de la blockchain". Michael Engle, le responsable de l'écosystème des développeurs pour Libra, annonçait déjà à cette occasion qu'il était "déterminé à prendre le temps de bien faire les choses". Ces déclarations n'ont pas suffi à rassurer les Etats sur le futur déploiement mondial de cette cryptomonnaie.

"La souveraineté des Etats en jeu"

Le 12 septembre 2019, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, s'est emparé du sujet lors de l'ouverture d'une conférence de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la blockchain. Il s'est dit être opposé au "développement sur Libra sur le sol européen" dans les conditions actuelles. Il estimait alors que "la souveraineté monétaire des Etats est en jeu" et que le déploiement international de Libra "remettra en cause l'indépendance des Etats".

De multiples questions juridiques

Effectivement, l'arrivée de Libra n'est pas sans poser des questions juridiques. Et la première, et non la moindre, peut se poser en ces termes : comment s'appliquera le droit bancaire et financier à ce projet ? Pour l'instant, Libra n'est absolument pas régulé et des distorsions de concurrence pourraient en découler. Par ailleurs, comment encadrer le fonctionnement des plates-formes d'échanges qui ne sont absolument pas contrôlées pour l'instant ? Et enfin, comment gérer l'influence sur la politique des Etats dont la dette souveraine serait détenue par l'association Libra en couverture des Libras émises ?

La seconde problématique concerne la protection des données personnelles. Les premières peuvent concerner les actifs disponibles et les autres les données bancaires des utilisateurs. Pour l'instant, les conditions générales d'utilisation de CaLibra, l'application liée au paiement par Libra, disposent que "CaLibra ne partagera pas des informations de compte ou des données financières avec Facebook Inc. ou tout autre tiers sans l’accord du client (…) les informations de compte ou les données financières des clients de CaLibra ne seront pas utilisées pour améliorer le ciblage publicitaire sur la gamme de produits de Facebook".

Le gendarme suisse de la vie privée veille au grain

Mais comment ce consentement va-t-il être recueilli, via une fenêtre pop-up qui restera quelques secondes sur l'écran de l'utilisateur ? Pour en savoir un peu plus, le Préposé Fédéral à la protection de des données et à la transparence (PFPDT), organe suisse régulateur de la vie privée, a envoyé un courrier à l'association Libra, dont le siège est à Genève, mi-juillet 2019. Le 19 septembre, une rencontre entre les deux acteurs a eu lieu. La Libra Association s'est engagée à "développer un standard de protection des données uniforme pour le système". Par ailleurs, elle "procédera à une analyse d'impact et prendra les mesures nécessaires à la mise en place du standard (…) y compris des mesures organisationnelles".

La France lance un appel d'offre pour analyser les transactions

La France tente déjà de répondre à ces questions. Fin mai 2019, le ministère de l'Intérieur a discrètement lancé un appel d'offre pour le développement d'un logiciel permettant de "surveiller, d'analyser et de suivre les transactions en vue de désanonymiser les utilisateurs de bitcoins". Le but étant de doter le Gendarmerie nationale, la Police nationale et la Douane "la fourniture d'une solution d'analyse des transactions en cryptomonnaies".

Facebook veut bouleverser les règles monétaires actuelles

Depuis l'annonce de sa création le 18 juin 2019, la cryptomonnaie portée par Facebook et 28 entreprises internationales défraie la chronique. Lors du G7, le 17 juillet 2019, les ministres des Finances s'étaient déjà penchés sur ce sujet. Le secrétaire du Trésor américain Steven Mnuchin avait fait état à cette occasion de "très grandes inquiétudes sur Libra, qui peut être utilisé pour blanchir de l’argent ou financer le terrorisme", selon Le Monde. La multiplication des critiques auraient même créé une volonté de la part de certains membres fondateurs de se distancer de ce projet.

Libra doit permettre aux internautes d'effectuer des transactions via une application autonome de paiement, tout en intégrant également le versement ou le paiement en libras directement dans les applications Messenger et WhatsApp, propriété de Facebook. Son lancement est prévu pour 2020, mais sans calendrier fixe. Inspirée du succès des cryptomonnaies, cette monnaie électronique devrait simplifier les transferts d'argent à l'international.

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