Le modèle social allemand peut-il résister à l'économie numérique ?

A l'occasion du forum organisé par l'OCDE à Paris, la ministre du Travail allemande, Andrea Nahles a exposé les axes de sa politique en matière de numérique. Confrontée aux mêmes défis que les autres pays, les allemands parient sur leur modèle social original reposant sur la culture du compromis. Seul hic, comment composer avec les plateformes internationales qui pratiquent l'optimisation fiscale ? 

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Le modèle social allemand peut-il résister à l'économie numérique ?

Le modèle social allemand avec co-décisions, consensus et négociations a eu les succès que l'on sait à l'ère industrielle. Mais comment peut-il réagir à la numérisation qui touche nos voisins d'outre-Rhin, comme tous les autres pays. A l'occasion du forum organisé par l'OCDE sur l'avenir du travail, la ministre du Travail et des Affaires sociales (social-démocrate, car l'Allemagne a un gouvernement de coalition), Andrea Nahles a pu préciser ses positions, d'autant qu'elle a commandé un livre vert intitulé Arbeit 4.0 qui établi un diagnostic, en attendant un livre blanc dans les prochains mois qui reprendra les décisions du gouvernement.

Constatant les mêmes évolutions qu'ailleurs (développement des indépendants, baisse de la part des CDI, robotisation), la ministre affirme que "ce sont autant des opportunités que des risques". Rien d'étonnant donc si la ministre considère qu'il faut plus de flexibilité (pour profiter des opportunités) et de sécurité (pour minimiser les risques).

Pour atteindre cet objectif, elle ne mise pourtant pas sur une grande loi qui régenterait tout. "On peut faire une grande loi, mais qui est sans effet car elle est trop loin du terrain ", a-t-elle expliqué. C'est aux partenaires sociaux de trouver ensemble les bonnes solutions que le politique ne saurait concevoir, car syndicats et patronat possèdent ce savoir indispensable à ses yeux pour trouver la bonne solution : "la connaissance du terrain".

Des accords innovants pour accompagner la transition nuémrique

Andrea Nahles a rapporté un très intéressant exemple observé chez Bosch, où des salariés voulaient rentrer tôt pour voir leurs enfants, quitte à reprendre leur activité plus tard depuis leur domicile. Sauf que ces heures là devaient être payées plus chères comme tout travail de nuit. Grâce à un accord, les salariés peuvent rentrer plus tôt et travailler plus tard sans surcoût pour l'entreprise.

C'est l'inverse qu'un accord a permis chez BMW, toujours selon la ministre : les heures effectuées depuis le domicile n'étaient pas comptabilisées dans le temps de travail. Un accord entre les partenaires sociaux a permis de dépasser cette difficulté.

La meilleure assurance chômage c'est la formation

Pour accompagner la numérisation de l'économie allemande, où selon la ministre "même chez un artisan il faut savoir se servir du numérique", elle insiste sur l'importance de la formation. "Une bonne qualification est la meilleure contre le chômage et cela partout dans le monde ", estime-t-elle. Pour cela, elle compte développer une grande agence pour aider salariés et employeurs, pour que les compétences de ces derniers restent à jour. "Mon objectif est de faire en sorte que l'agence s'occupe des travailleurs avant qu'ils soient au chômage ", a indiqué Andrea Nahles. Autant dire que pour elle, la formation doit être une action préventive.

Elle peut là aussi s'appuyer sur les partenaires sociaux. Elle a ainsi rappelé que, l'an dernier, le principal syndicat allemand a demandé et obtenu des augmentations salariales mais aussi la création d'un temps partiel de formation, où le salarié peut prendre une partie de son temps de travail pour suivre une formation.

L'urgente régulation du capitalisme de plateformes

Des problèmes subsistent comme ceux posés par le développement du travail indépendant. La ministre s'est interrogé sur le meilleur régime de retraite qui conviendrait à ces derniers. Une autre difficulté évoquée par la ministre concerne le capitalisme de plates-formes. Elle s'est dite très choquée par le comportement des entreprises internationales qui ont des comportements de passager clandestin. "Quand on bénéficie d'une structure en Allemagne, il faut payer ses impôts en Allemagne, a-t-elle martelé, on ne peut pas encaisser les bénéfices sans avoir payé d'impôts dans le pays. "Avant d'ajouter sous les applaudissements nourris de la salle plutôt studieuse jusque là : "je ne veux pas qu'il existe un univers parallèle dans le monde du travail ". Pourtant, elle n'a pas précisé comment elle comptait s'y prendre.

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