Le monde du capital-risque américain secoué par une affaire de licenciement discriminatoire
Ann Lai, ancienne general partner chez Bullpen Capital, accuse la société de capital-risque de licenciement discriminatoire. Selon elle, ses anciens confrères auraient du mal à accorder de la crédibilité aux femmes, un constat souvent évoqué pour expliquer les mauvais chiffres de la parité dans l'écosystème des start-up.
Ann Lai, general partner du fonds de capital-risque américain Bullpen, dit avoir été licenciée par la société pour des raisons discriminatoires après avoir participé à la création d’un véhicule d'investissement de 145 millions de dollars.
"Cette séparation m’a été imposée de manière inattendue mardi dernier, sans aucune marge de négociation le dernier jour, après avoir clôturé ensemble notre dernier fonds", a écrit l’intéressée sur Linkedin, qualifiant son ancienne société de "partenariat exclusivement masculin et blanc, dans lequel l’égalité n'a jamais été vraiment égale".
Accusations de discrimination de genre
Ann Lai affirme avoir dû défendre des femmes fondatrices lorsqu’elles étaient qualifiées sans fondement de "pas fiables" ou de "peu convaincantes", alors qu’elle devait insister pour que les fondateurs masculins du réseau de Bullpen fassent l'objet de la vérification préalable standard. La jeune femme aurait par ailleurs été elle-même qualifiée de "perte de temps" lors de réunions avec des partenaires.
Elle rappelle avoir pourtant aidé les entreprises de Bullpen en matière d'analyse, de gestion des marchés et de tarification, dirigé dix transactions et siégé à leur conseil d'administration, géré trois Fonds Commun de Créances (FCC) et levé des fonds pour le véhicule à 145 millions de dollars tout en s’acquittant des responsabilités habituelles d'un general partner.
Bullpen en désaccord
Selon TechCrunch, Ann Lai n'a pas accepté d'indemnité de départ de Bullpen Capital au moment de son licenciement. Interrogée par le média américain, elle a refusé d'en dire plus, renvoyant les questions à son avocat Michael Liftik de Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan. Ce dernier a alors assuré qu'Ann n'avait pas choisi de quitter Bullpen. "Nous pensons qu'elle a été forcée de partir, illégalement, parce qu'elle n'avait pas peur de dire ce qu'elle pensait".
Un porte-parole du fonds californien a quant à lui affirmé, toujours à TechCrunch, que l’entreprise était déçue des récents commentaires de Ann Lai sur Bullpen et en profond désaccord avec eux. Il a affirmé que la société favorisait "une culture collaborative de débats sains et de perspectives variées au sein de l’équipe" et ajouté "Nous sommes déterminés à aller de l'avant sans compromettre notre vision fondatrice, qui consiste à s'associer à des fondateurs solides ayant la persévérance nécessaire pour devenir des leaders du marché et générer des rendements attrayants pour les investisseurs privé".
Une affaire représentative d’un problème plus large ?
Dans le cadre de son licenciement, Ann Lai n'a pas été autorisée à rester au conseil d'administration des entreprises de son portefeuille, notamment ChairmanMe, créée par Sarah Lacy, une ancienne journaliste de TechCrunch.
Cette dernière a commenté l’affaire sur Linkedin, estimant que l'expérience d’Ann Lai était emblématique d'un problème plus large au sein de la Silicon Valley. "C’est pour cela que le simple fait d'embaucher plus de femmes GP n'a pas changé le secteur, et pourquoi, malgré l'augmentation du nombre de femmes qui accèdent à ces postes, le pourcentage de capital allant à des fondateurs sous-représentés a diminué", a-t-elle écrit.
En France, le constat est aussi sombre. Selon la Mission French Tech, 88% du total des montants levés sont captés par des équipes 100% masculines. Les équipes totalement féminines sont quatre fois moins bien financées."
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