
Avec la réforme du crédit impôt jeu vidéo (CIJV), votée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 4 décembre, les jeux vidéo français vont bénéficier d’un sérieux coût de pouce. Mais va-t-elle pour autant relancer la production en France ? Pas si sûr.
Le CIJV permet de récupérer jusqu’à 20% du coût de développement d’un jeu vidéo. Jusqu’ici, seuls les jeux coûtant plus de 150 000 euros en développement pouvaient en bénéficier. La réforme propose d’abaisser ce seuil à 100 000 euros. De quoi l’étendre aux entreprises plus petites et aux jeux à budget plus modeste. Voilà de quoi contenter les concepteurs de jeux pour les mobiles qui connaîssent aujourd’hui un fort développement.
Le délai d’obtention est porté à 72 mois, contre 36 mois jusqu’ici, pour coller au temps de développement de plus en plus long, notamment pour les jeux à plus de 10 millions d’euros destinés aux nouvelles générations de consoles. Enfin, le dispositif s’ouvre aux jeux pour adultes (plus de 18 ans). Un segment en forte augmentation, dont la part sur le marché est passée, selon le SNJV (Syndicat national des jeux vidéo), de 2,4% en 2011 à 18,9% en 2012. Les jeux à contenu pornographique ou trop violents en restent exclus.
Stopper l'hémorragie d'emplois
Ces améliorations sont saluées par le SNJV. "Elles vont stopper l’hémorragie d’emplois dans la production de jeux vidéo en France", se félicite son délégué général, Julien Villedieu. Selon le syndicat professionnel, la production de jeux vidéo comptaient 10 000 emplois en France il y a 15 ans. Aujourd’hui, le chiffre est tombé à 3000. Le déclin s’est accéléré ces dernières années, avec la perte de la moitié des emplois dans le secteur en 5 ans. En cause, l’attractivité d’autres pays comme le Canada devenu, avec 16 000 emplois aujourd’hui, la troisième puissance de jeux vidéo dans le monde, derrière les Etats-Unis et le Japon.
Avec le nouveau dispositif CIJV, la France devient compétitive en Europe. Mais pas assez face au Canada, ou plutôt, au Québec, où le crédit impôt atteint 37%. Certes, la France dispose d’atouts en termes de compétences et d’acteurs (trois éditeurs français figurent parmi les cinq plus gros au monde : Activision Blizzard, Ubisoft et Gameloft). Mais "pour inverser la tendance, il faudra aussi mettre en place un fonds de croissance pour soutenir le développement de pépites et start-up dans le secteur ", estime Julien Villedieu. La profession attend ce dispositif après le vote de confirmation de la réforme du CIJV par le Senat puis par l’Assemblée Nationale.
Ridha Loukil
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