
Nicolas Sarkozy, lors d'un discours devant les salariés du groupe Holder de Marcq-en-Baroeul le 21 septembre, a défendu le "monde ancien" menacé par "la concurrence déloyale" du "monde nouveau", entendez celui de l’économie collaborative et plus largement, de l’économie numérique. Il dénonce la menace de la fin du salariat et des métiers classiques, prend la défense des hôteliers et des taxis face aux plateformes de l’économie collaborative et attaque les entreprises américaines de la tech sur leur optimisation fiscale : "Je suis pour ce monde nouveau, mais avec une concurrence loyale, pas déloyale", affirme-t-il.
Ce discours de la défense d’un monde traditionnel contre celui d’une "modernité" qui se passerait de règle mérite certainement que l’on s’y arrête afin de rétablir, face aux propos de Nicolas Sarkozy et cette vision binaire, certains faits sur l’économie numérique.
La fin "des métiers classiques" ?
"Parfois, j'entends des émissions avec des gens très sentencieux, qui disent que demain il n'y aura plus de salariat, plus de métiers classiques, a déclaré l'ancien président. Il y a un monde nouveau, tant mieux pour le monde nouveau, mais le monde ancien, il ne veut pas mourir."
Afin de ne pas entrer dans une réponse "sentencieuse" qui décrirait la fin du salariat par la croissance de l’économie à la demande, favorisée par l’organisation collaborative que permettent les plateformes numériques, il convient de rappeler dans les faits quelques réalités du travail qui évolue :
- En 2016, les pluri-actifs soit ceux qui combinent plusieurs activités professionnelles, représentent 16% des actifs en France ;
- En Europe, le nombre de travailleurs indépendants explose : outre-Manche, 40% des emplois créés depuis 2010 sont des postes d'indépendants.
Par ailleurs, la "fin des métiers classiques" ne signifie pas nécessairement la fin du travail, ou la mort du "monde ancien", selon les termes du candidat. Cette théorie de la menace numérique sur l’emploi n’est pas nouvelle et plusieurs institutions, comme l'OCDE ou France Stratégie, ont minimisé le lien de causalité entre numérique et chômage : seulement 9 % des emplois présentent un risque élevé d’automatisation en moyenne. Par ailleurs, selon le contrat d'études prospectives (CEP) que vient de réaliser le Syntec Numérique, plus de 36000 emplois pourraient être créés dans la filière durant les 5 prochaines années.
une réflexion sur l'emploi indépendant
Face aux chiffres démontrant l’ampleur du phénomène sur la transformation du travail à l’ère du numérique, il semble difficile de faire l’économie de la question de l’emploi au-delà du cadre salarial ! Une position ancrée vers l’avenir opterait davantage sur des réflexions sur l’emploi indépendant afin de renforcer son assise sociale et l’accompagnement de ces travailleurs pour un accès à la santé, au logement et à des droits à la retraite plus complets.
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