Le patron de la production d’Intel prend les commandes
Alors qu’on attendait une personnalité extérieure, c’est Brian Krzanich, son directeur de la production, qu’Intel s’est choisi comme patron. Un homme taillé pour l’un des gros défi de l’entreprise : devenir fondeur de puces pour d’autres industriels. Et remplacer Samsung dans les iPhone et iPad !
Fin de suspense chez Intel. On connait le nom de celui qui succèdera le 16 mai 2013 à Paul Otellini à la tête du numéro un mondial des semi-conducteurs. Alors que les observateurs penchaient pour une personnalité extérieure, c’est finalement Brian Krzanich, directeur de la production du groupe, qui a été désigné à l’unanimité par le conseil d’administration. Depuis l’annonce en novembre 2012 du départ de Paul Otellini, les rumeurs allaient bon train sur le choix de son successeur. Pour donner un nouvel élan au groupe, aujourd’hui en difficulté sur le marché des PC qui avait jusqu’ici fait sa fortune, les analystes tablaient sur un personnage fort venu du monde des mobiles. Là où le bât blesse pour Intel.
Parmi les candidats potentiels circulaient les noms de Sanjay Jha, ex-patron de Motorola Mobility (ancienne activité de téléphonie mobile de Motorola, rachetée en 2011 par Google), de Jensen Huang, PDG de Nvidia (fournisseur de processeurs graphique et puces pour smartphones et tablettes), ou encore de Warren East, le patron d’ARM (le concepteur de cœurs de processeurs pour mobiles et applications embarquées).
Le conseil d’administration d’Intel a finalement privilégié une solution interne comme le veut la tradition dans le groupe. Il a eu à choisir entre trois candidats : le directeur financier Stacy Smith, le directeur de développement des produits David Perlmutter et Brian Krzanich. L’heureux élu, 52 ans, a rejoint Intel en 1982. Il a fait ses preuves en plaçant Intel au top niveau mondial en matière de technologies de production. L’appareil industriel du géant est aujourd’hui le plus avancé au monde avec une capacité de gravure descendant à 22 nm, et en passe d’atteindre 14 nm en 2014.
Produire des puces pour Apple
Il faut dire que parmi les défis auquel l’industriel fait face, il en est un taillé pour lui : ouvrir l’outil de production à la sous-traitance pour d’autres. Outre sa technicité au plus haut niveau, Intel est en effet le plus gros investisseur industriel dans les semi-conducteurs, avec 12 milliards de dollars consacrés à ses usines cette année. Pour rentabiliser ces énormes investissements, il doit aussi devenir fondeur de silicium en fabriquant des puces sur plans pour d’autres, comme IBM et Samsung. Avec un gros poisson en ligne de mire : Apple.
Aujourd’hui, c’est justement Samsung qui produit l’essentiel des puces Ax équipant l’iPod, l’iPhone et l’iPad. Un bien embarrassant fournisseur devenu le plus gros concurrent d’Apple, et dont celui-ci cherche à se libérer. Des rumeurs font déjà état de discussions entre lui et Intel. Reste à les concrétiser. Intel a déjà fait un premier pas en ce sens en concluant un accord de fonderie avec Altera et Microsemi, deux petits fournisseurs fabless de puces. Un autre accord est sur le point de se confirmer avec Cisco Systems.
Assurer enfin le passage au mobile
Brian Krzanich va aussi devoir assurer le virage mobile qu’Intel n’a toujours pas réussi à prendre. Pour la première fois depuis 30 ans, le marché des PC sur lequel Intel a fondé son développement s’engage dans une baisse inexorable au profit des tablettes et des smartphones. Selon IDC, il a reculé de 3% en 2012 en volume, et l’année 2013 commence mal avec un plongeon de 13%. En revanche, le marché des tablettes explose, avec un bond des ventes de 142,4% au premier trimestre 2013, selon IDC.
Or, si Intel équipe plus de 80% des PC avec ses microprocesseurs, il est presque totalement absent de ces mondes mobiles où règnent en maître le britannique ARM et ses licenciés comme Qualcomm, Broadcom, Nvidia ou MediaTek. Intel doit trouver le moyen de prendre place sur le marché des terminaux mobiles en proposant des puces qui consomment très peu d’énergie, alors que sa stratégie était jusqu’ici centrée sur l’accroissement de la puissance de traitement.
Ridha Loukil
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