
Canonical, l'entreprise derrière le système d'exploitation Ubuntu, a officiellement annoncé que le premier smartphone vendu avec son OS mobile Ubuntu Touch serait l'Aquaris E4.5 du fabricant espagnol Bq. Ce modèle "milieu de gamme" sera équivalent à celui tournant sous Android.
Ubuntu est une distribution Linux, libre et gratuite, dont la première version remonte à 2004. Elle s'est imposée au fil des ans grâce à sa simplicité de prise en main comme la distribution la plus populaire de la galaxie GNU/Linux, avec plus de 20 millions d'utilisateurs en 2011.
Une ambition contrariée
Début 2013, Canonical dévoilait Ubuntu Touch, version tactile de son OS destinée aux smartphones et tablettes. Le système emprunte des éléments à Ubuntu et aux autres OS mobiles, et se repose sur des applications web, développées en HTML 5. En l'absence d'un partenariat avec un fabricant de téléphones, Canonical tente en juillet 2013 un pari ambitieux : une campagne de financement participatif sur Indiegogo pour la création de propre terminal haut de gamme : l'Ubuntu Edge. La somme nécessaire ? 32 millions de dollars, la plus importante jamais demandée à l'époque.
Mais, malgré un engouement de la part de ses fidèles, Canonical ne réussit à réunir que 12,8 millions de dollars et abandonne l'idée. Un an et demi plus tard, le premier téléphone vendu directement avec Ubuntu Touch sort enfin, mais on est loin du Ubuntu Edge un temps rêvé. L'Aquaris E4.5 sera disponible en Europe dès cette semaine pour 169,90 euros. Il dispose d'un écran de 4,5 pouces pour une résolution de 960 x 480 pixels, d'un processeur Mediatek quadricoeurs cadencé à 1,3 Ghz, de 1 Go de mémoire vive et 8 Go de stockage embarqué, et d'un appareil photo de 8 mégapixels au dos et 5 mégapixels en façade.
Un marché très difficile à pénétrer
Si l’interface originale, baptisée "Scopes", tranche avec ce qui se fait actuellement sur Android, iOS ou Windows Phone et pourrait séduire ceux qui souhaitent sortir des sentiers battus, le nombre d’applications proposées reste limité. Canonical a assuré que Facebook, Twitter ou encore Evernote ne manqueront pas à l’appel mais côté musique par exemple, pas de Deezer ou de Spotify. Or, dans la bataille des OS, la taille du catalogue d’applications reste un facteur clé pour l’emporter. Ubuntu Touch se présente donc avant tout comme un concurrent à d'autres OS alternatifs comme Tizen, Firefox OS, Fire OS ou encore Sailfish OS.
Un sentiment renforcé par sa disponibilité limitée. En effet, s'il a trouvé des distributeurs dans certains pays européens, Il sera difficile à obtenir en France. N'ayant pas de partenariat avec un opérateur, il faudra en effet se le procurer directement depuis le site web de Bq, qui ne le proposera à la vente que lors de "ventes flash" étalées tout au long du mois de février. Une entrée sur le marché par la petite porte, qui risque de voir Ubuntu Touch confiné aux seuls aficionados d'Ubuntu.
Julien Bergounhoux
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