Le projet Worldcoin dans le viseur de nombreuses autorités à travers le monde, dont la Cnil

Croisement insolite entre système d'identification biométrique et cryptomonnaie, l'initiative controversée du CEO d'OpenAI Sam Altman intéresse de plus en plus de régulateurs. La France, comme d'autres pays, mènent l'enquête.

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Le projet Worldcoin dans le viseur de nombreuses autorités à travers le monde, dont la Cnil

Le tenancier du Unicorners Café Coworking a vu débarquer des clients inhabituels dans son établissement, mercredi 30 août. D'après le média Politico, une délégation de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) s'est en effet fendue d'une visite surprise aux prestataires français du projet blockchain Worldcoin. Cette petite équipe, que L'Usine Digitale a rencontrée le mois dernier, a installé dans l'espace de coworking parisien ses ordinateurs et son orbe, grâce à laquelle sont scannés les iris de leurs adeptes.

L'autorité française de protection des données, qui a officiellement lancé une enquête concernant Worldcoin le 31 juillet, n'est pas la seule au monde à s'intéresser à l'initiative menée par le CEO d'OpenAI Sam Altman. L'Argentine, le Portugal, le Kenya, le Royaume-Uni la surveillent également de près, note Reuters. Il faut dire que depuis son déploiement en beta il y a plusieurs années, et surtout depuis son lancement officiel le 24 juillet dernier, la start-up Tools for Humanity à l'origine du projet a inscrit près de 2,3 millions de personnes à son service à travers le monde.

Les individus intéressés doivent se déplacer sur des points de rendez-vous disponibles dans une quinzaine de pays, d'après le site officiel de Worldcoin. Sur place, ils rencontrent un opérateur rémunéré par l'entreprise Tools for Humanity qui se charge de scanner leurs yeux grâce à une sphère métallique. Ils se voient par la suite délivrer un identifiant numérique unique, le World ID, et, selon les lois locales en vigueur, des jetons de la cryptomonnaie WLD.

Plusieurs états inquiets

Du côté des régulateurs, c'est à la fois la collecte de données biométriques et la délivrance d'une monnaie virtuelle qui soulèvent des interrogations. Les Etats-Unis, particulièrement frileux en matière de cryptomonnaies depuis la chute de FTX, ont tout simplement banni Worldcoin de leur territoire avant même son lancement officiel. Début août, le Kenya, pays dans lequel le projet avait rencontré un fort démarrage, a également interdit les inscriptions au service après avoir été alerté par son autorité de protection des données.

L'Argentine, qui compte pas moins de 34 points de rendez-vous répertoriés sur le site officiel, a également lancé une enquête et demandé des informations par courrier aux responsables de Worldcoin quant à la "base juridique du traitement des données personnelles". Dans une note de blog parue hier, ces derniers se sont vantés d'une demande particulièrement forte dans le pays sud-américain, avec un pic à 9 500 inscriptions lors d'une journée du mois d'août, soit "un humain vérifié toutes les neuf secondes".

En Europe, la France, l'Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni devraient bientôt rendre les conclusions de leurs enquêtes respectives. En plus de contrôler la collecte, le traitement et le stockage des données biométriques des utilisateurs de Worldcoin, le gouvernement allemand a chargé la Bafin, son autorité fédérale de supervision financière, d'enquêter également la dimension monétaire du feuilleton crypto de l'été, dont le cours a reculé de plus de 67% depuis son lancement.

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