Le Royaume-Uni renonce à remettre en cause le chiffrement de bout en bout
Londres voulait contraindre les applications de messagerie à scanner les conversations sur leur plateforme afin de détecter des contenus illégaux. WhatsApp avait menacé de quitter le pays en cas d'adoption.
La menace aura été suffisante à faire reculer le Royaume-Uni. Mercredi 6 septembre, le gouvernement britannique a annoncé l’abandon d’une disposition très controversée de son projet de loi sur la sécurité en ligne, qui aurait pu remettre en cause le chiffrement de bout en bout des conversations sur les applications de messagerie.
En mai, au moment des premières discussions au Parlement britannique, WhatsApp s'était dit prêt à fermer boutique au Royaume-Uni. Son rival Signal avait fait la même menace. L’examen du projet de loi doit entrer dans sa phase finale ce mercredi.
"Précédent dangereux”
La mesure abandonnée par Londres demandait aux applications de messagerie de scanner les conversations sur leur plateforme afin de détecter des contenus illégaux, notamment des contenus pédopornographiques. En cas de manquements, ces sociétés auraient pu être condamnées à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires mondial.
Pour respecter ce texte, les applications auraient dû remettre en cause le chiffrement de bout en bout. Le projet de loi prévoit désormais la mise en place de cette obligation seulement lorsqu'une technologie permettra de scanner les messages tout en conservant le chiffrement. Et sera capable de limiter les faux positifs et la nécessité de vérification des contenus litigieux par un humain.
Cette clause était aussi dénoncée par de nombreuses organisations. “Elle pourrait entraîner l'obligation pour le secteur privé d'effectuer une surveillance de masse des communications numériques privées”, soulignait ainsi Rasha Abdul Rahim, d’Amnesty International, qui redoutait que la loi britannique crée “un précédent dangereux” suivi par d'autres gouvernements.
Vérification de l'âge
Le projet de loi sur la sécurité en ligne contient une autre mesure controversée, qui devrait, elle, bien figurer dans le texte final. Celle-ci instaure une vérification obligatoire de l'âge des internautes pour accéder à des “contenus dangereux”, essentiellement pornographiques. Cette mesure concerne les sites pornographiques mais également les moteurs de recherche et les réseaux sociaux.
Tous les détails ne sont pas encore connus, car le texte reste encore vague. C’est l’Ofcom, l'équivalent britannique du CSA, qui définira les règles précises une fois la loi adoptée. “