
Déploiement mi-octobre en France de l'application de paiement sans contact Orange Cash, lancement d'une banque digitale tricolore en 2016, succès de l'application Orange Money (15 millions d'utilisateurs sur le continent africain) qui permet de faire des transferts d'argent à l'international … Pas de doute, l'opérateur téléphonique Orange veut devenir un acteur incontournable des services financiers.
Mais Orange Cash aura-t-il le même succès qu'Orange Money ? Cette solution de portefeuille mobile, réservée aux clients de l'opérateur, permet de régler avec leur smartphone - s'il est équipé de la technologie Near Field Communication - chez les 350 000 commerçants équipés de terminaux de paiement adaptés dans l'Hexagone. Elle est disponible sur les téléphones équipés d'un OS Windows ou Android (80% du marché), mais pas iOS d'Apple.
Le choix risqué du prépayé
Pour sécuriser les transactions supérieures à 20 euros, un code secret est demandé au client, comme avec une carte bleue. Orange Cash permet également de payer sur le net, de réaliser des transferts d'argent entre particuliers et d'accéder aux bons plans géolocalisés des partenaires de l'application (surgelés Picard, boulangeries Paul…).
L'abonné ne rentre qu'une seule fois ses données bancaires. Il recharge ensuite un compte virtuel, créé par Orange, dans lequel il pioche lorsqu'il effectue ses règlements. Pour Cédric Chanoine, spécialiste des services financiers et senior manager du cabinet Colombus Consulting, c'est un choix risqué : l'expérience Moneo, un portefeuille électronique basé sur la même logique de prépaiement, s'est soldée par un échec. Le service a définitivement cessé de fonctionner en juillet 2015 en France.
Orange n'a pas négocié avec les banques
"Cela apporte de la complexité à l'expérience utilisateur. Le client a deux comptes à gérer au lieu d'un. En plus, à chaque rechargement dudit compte – sauf si l'abonné réalise un virement bancaire – Orange prélève 0,79 centimes d'euros. C'est cher payé par rapport au service fourni", estime le consultant. "Cette solution est une étape intermédiaire, qui permet à nos clients de basculer progressivement vers le paiement sans contact, elle pourra par la suite être modifiée", défend Fabienne Dulac, directrice d'Orange France.
Ce choix a surtout permis à l'opérateur de ne pas avoir à traiter avec les banques, contrairement à Apple. Pour lancer Apple pay, le géant du net a en effet choisi de se connecter directement aux comptes bancaires de ses clients. Il a donc négocié au cas par cas avec chaque banque. Au moment du lancement de l'application au Royaume-Uni en juillet 2015, Apple n'avait obtenu l'accord que de 4 d'entre-elles. Ce qui leur fait crisser des dents ? Le groupe veut prélever une partie de la commission d'interchange (payée par la banque du commerçant à celle du client), qui tombe normalement intégralement dans leur poche.
Des atouts face aux Gafa
Mais Orange a tout de même des atouts par rapport à Apple et Google, qui travaillent actuellement sur le lancement de leurs applications de paiement sans contact dans l'Hexagone. "Nous avons une large base de quasiment 23 millions de clients, une marque connue qui inspire la confiance, un vaste réseau de points de vente qui nous permettra d'accompagner les utilisateurs d'Orange Cash en boutique", souligne Fabienne Dulac.
"Les Gafa veulent se positionner entre la banque et le client, pour capter le maximum de données et les revendre à des distributeurs pour du ciblage publicitaire", explique Cédric Chanoine. Ce n'est pour l'instant pas le positionnement choisi par Orange (ou du moins pas de façon affichée). Cela pourrait aussi contribuer à rassurer les clients. La semaine du lancement de l'application, 30 000 abonnés se sont inscrits sur Orange Cash et 6 000 paiements ont été effectués. L'opérateur va revoir ses objectifs de 65 000 inscrits fin 2015 à la hausse.
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